dimanche 25 juillet 2010

La Brigade de l'Oeil


Titre : La Brigade de l'Oeil
Auteur : Guillaume Guéraud
Genre : science-fiction, littérature adolescente
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Rush Island, 2037. La loi Bradbury interdit toutes les images depuis vingt ans sur l'ensemble du territoire. La propagande matraque : "Les photographies sont nocives. Le cinéma rend fou. La télévision est l'opium du peuple." Les agents de la Brigade de l'Oeil, les yeux armés du gouvernement, traquent les terroristes opposés à cette dictature. Brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent. Parce qu'un bon citoyen est un citoyen aveugle.

(résumé repris du livre)

Extrait :

- Est-ce que le cinéma ressemble à ça ? lui demanda Kao - son visage semblait sortir d'un gouffre sans fond.
- A ça et à mille autres choses différentes.

A une armée de fantômes - peut-être. A un baiser échangé comme un mensonge, entre deux portes obscures, par un homme et une femme que tout oppose - peut-être. A des cheveux sauvages, les naseaux couverts d'écume, la crinière secouée par des tourbillons de vent, leurs ombres cruelles s'étirant comme celles de gigantesques et irréductibles créatures au-delà du monde - peut-être.

"Que le monde est grand à la clarté des lampes !" avait récité Emma.
Pas "grand" - monstrueux.

"Que le monde est monstrueux à la clarté des lampes !" se répétait Kao.

Une autre phrase lui revient en mémoire.

- Ma mère dit que le cinéma substituait à notre regard un monde qui s'accordait à nos désirs... souffla-t-il.
Mais
Nuit et Brouillard ne cadrait pas avec cette définition.
- Le cinéma est plutôt comme une bataille, déclara Fuji.
- Une bataille contre quoi ?
- Contre mille ennemis différents et contradictoires. Contre l'ennui. Contre la frénésie. Contre le quotidien désenchanté. Contre les lendemains qui chantent. Contre les bourrasques qui avalent nos cauchemars. Contre les usines qui broient nos rêves. Contre les laisses invisibles qui nous étranglent. Contre les habitudes qui nous ferment les yeux.
Fuji soupira et reprit :
- Et dans cette bataille,
Nuit et Brouillard, avec son texte et ses images implacables, lutte aux avant-postes. Contre l'oubli. Contre les monstres du passé. Contre l'effacement des crimes effroyables de l'Histoire. Nuit et Brouillard lutte contre tout cela. Et prouve que le cinéma peut abriter le temps. »
Critique : Cet univers d'images et de cinéma m'a fasciné. Les propos contre et pour le cinéma m'ont fait réfléchir, m'ont fait approuver. Comment ne pas aimer un livre avec de tels propos ? Ils nous font rappeler ce qu'est le cinéma et j'ai trouvé ça fantastique ! L'histoire était génial, alternant de chapitres en chapitres, le point de vue de la Brigade de l'Oeil au point de vue du héros. Et bien sûr, comme d'habitude le héros se rebelle contre les méchants, et ça va se finir bien comme il faut et patati et patata... C'est ce que je croyais. Bien sûr, comment le héros ne peut-il pas se rebeller dans un livre comme celui-ci ? Mais le livre se finit mal. Et c'est génial, car moi qui m'attendais à ce que les gentils gagnent, et bien non, ce sont les méchants qui prennent le dessus :) Et c'est à cause de cette fin spectaculaire et inattendu que j'ai hésité à mettre un coup de cœur, que je n'ai pas mis. Car il y a du déjà-vu dans ce livre. Les gentils qui se rebellent ect... on a déjà vu ça des milliers de fois et ce n'est pas une surprise. De plus, l'auteur aurait pu creuser un peu plus dans l'histoire, car je trouve que ce n'est pas assez approfondi, on reste en surface, on en dit bien plus sur le cinéma que sur les images...
La scène où Kao diffuse Les Temps Modernes dans une salle de théâtre est très touchante. On sourit, on rigole, on a envie de pleurer, un peu, aussi. C'est mon passage préféré.

Bref, c'est un bon livre de science-fiction tout de même. J'ai trouvé le sujet génial, il nous fait réfléchir sur le cinéma.

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