mardi 28 septembre 2010

Le garçon en pyjama rayé


Titre : Le garçon en pyjama rayé
Auteur : John Boyne
Genre : roman historique
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre. On dira simplement qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister.

(résumé repris du livre)

Extrait :

De l'autre côté de la barrière, il n'y avait plus un brin d'herbe. Plus la moindre trace de végétation nulle part. Rien qu'un sol nu sablonneux et, d'après ce qu'elle pouvait en juger, des baraquements bas et quelques bâtiments carrés disséminés çà et là et, bien plus loin, des nuages de fumée qui s'étiraient dans le ciel. Gretel ouvrit la bouche pour parler, mais se rendit compte qu'elle n'avait pas de mots pour exprimer sa surprise. Elle fit alors la seule chose sensée à laquelle elle songea, elle referma la bouche.
- Tu vois ? dit Bruno du coin de la pièce, secrètement content de lui car, quoi (et qui) que ce fût, il était le premier à l'avoir vu, et le seul à pouvoir le revoir à sa guise de sa fenêtre.
En conséquence, tout cela lui appartenait, il en était le roi et Gretel était sa vassale.
- Je ne comprends pas, dit Gretel. Qui voudrait construire un endroit pareil ?
- C'est horrible, tu ne trouves pas ? renchérit Bruno. En plus, j'ai l'impression que les maisons n'ont pas d'étage. Regarde comme elles sont basses.
- Ce sont sûrement des maisons modernes, dit Gretel. Père déteste la modernité.
- Alors, il risque de ne pas les aimer, dit Bruno.
- Non, admit Gretel.
Elle demeura un long moment immobile à regarder dehors. Gretel avait douze ans et elle était considérée comme une des élèves les plus brillantes de sa classe. Elle serra les lèvres, fronça les sourcils et força son cerveau à essayer de comprendre ce qu'elle voyait, et arriva finalement à une seule conclusion.
- Ce doit être la campagne, dit-elle en se tournant vers son frère avec un regard triomphant.
- La campagne ?
- Oui, je ne vois pas d'autres possibilité. Chez nous à Berlin, c'est la ville. Ce qui explique qu'il y ait tant de gens et de maisons, et que les écoles soient pleines. Et que, le samedi après-midi, on se fasse bousculer en allant dans le centre-ville.
- Oui... approuva Bruno qui tâchait de suivre.
- Or, en géographie, on apprend qu'à la campagne, où vivent les fermiers et les animaux, et où on fait pousser de quoi manger, il y a plein de grands espaces comme celui-ci. C'est là que les paysans vivent et travaillent, et c'est de là qu'ils nous expédient de la nourriture.
Elle tourna à nouveau le regard vers l'immense étendue et se demanda quelle distance séparait les baraquements.
- C'est forcément la campagne. Nous sommes peut-être dans notre maison de vacances, ajouta-t-elle pleine d'espoir.
Bruno réfléchit à la question et secoua la tête.
- Je ne pense pas, dit-il d'un ton très convaincu.
- Tu as neuf ans, le contra Gretel. Qu'en sais-tu ? Quand tu auras mon âge, tu comprendras.
- C'est possible, dit Bruno qui ne niait pas être plus jeune mais doutait que cela l'empêchât d'avoir raison. Si c'est la campagne comme tu le dis, où sont les animaux ?
Gretel ouvrit la bouche pour répliquer mais ne trouva pas de réponse appropriée. Elle regarda à nouveau par la fenêtre dans l'espoir d'apercevoir des animaux, mais il n'y en avait aucun, nulle part.
- Si c'était une ferme, il devrait y avoir des vaches, des cochons, des moutons et des chevaux, dit Bruno. Sans oublier des poulets et des canards.
- Et il n'y en a pas, reconnut doucement Gretel.
- Et si on faisait pousser des choses à manger, comme tu le prétends, poursuivit Bruno qui s'amusait comme un fou, alors le sol serait plus joli. Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire pousser dans cette poussière.
Gretel regarda à nouveau et acquiesça, car elle n'était pas assez bête pour prétendre avoir raison envers et contre tout quand il était évident que la discussion lui donnait tort.
- Alors, ce n'est pas une ferme, dit-elle.
- Non, approuva Bruno.
- Ce qui signifie que ce n'est pas la campagne.
- Non, dit Bruno.
- Ce qui signifie que nous ne sommes pas dans notre maison de vacances, conclut-elle.
- Je ne crois pas."

Critique : Je ne sais quoi dire sur ce livre, de peur de révéler toute l'histoire. En effet, tout le long du livre, il n'ai dévoilé aucun des éléments de cette période. On devine bien sûr, mais tout est déformé par la bouche d'un petit garçon de neuf ans écrit à la troisième personne, dont l'innocence nous fait sourire. Mais en même temps elle nous rend triste à cause de ce qu'il ne sait pas, à cause de son innocence même, car nous, nous savons l'horreur. Nous savons et nous avons envie d'en pleurer. Car cet enfant est si touchant, si gentil, si mignon, si attachant, il n'a pas le droit de tomber sur des choses aussi monstrueuses... Malgré cela, l'écriture est touchante, drôle parfois, à cause de l'innocence de ce petit garçon, comme je l'ai déjà dit. Il y émane une force, une telle force, et cette force vient de l'histoire, de cette magnifique histoire, de cette monstrueuse histoire et du style, encore une fois.

La couverture est très belle.

Un très beau livre à dévorer, qui se lit vite, trop vite malheureusement :(

lundi 27 septembre 2010

Si c'est un homme


Titre : Si c'est un homme
Auteur : Primo Levi
Genre : Autobiographie, historique
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Primo Levi a vingt-quatre ans le 13 décembre 1943, lorsqu'il est fait prisonnier par la Milice fasciste. Il raconte le long voyage pour arriver à Auschwitz, dans des wagons à bestiaux, la centaine de personnes entassées dans de minuscules espaces, le manque d'eau, la séparation entre les hommes valides et les femmes, les enfants, les vieillards, envoyés directement aux chambres à gaz. Levi fait partie de ceux qui sont décrétés aptes au travail. Vient la description de la vie dans le Lager, les humiliations, les privations, les blessures physiques et psychologiques, le travail harassant, les effroyables conditions d'hygiène, les « sélections » pour l'envoi aux chambres à gaz de Birkenau, les rites absurdes, cyniques, la hiérarchie stupide et la logique aberrante des nazis, tout ce qui détruit les hommes, peu à peu, qui les réduits à l'état de bêtes.

Extraits :

Dans le train pour Auschwitz :
Une femme avait passé tout le voyage à mes côtés, pressée comme moi entre un corps et un autre corps. Nous nous connaissions de longue date, et le malheur nous avait frappés ensemble, mais nous ne savions pas grand chose l'un de l'autre. Nous nous dîmes alors, en cette heure décisive, des choses qui ne se disent pas entre vivants. Nous nous dîmes adieu, et ce fut bref : chacun prit congé de la vie en prenant congé de l'autre. Nous n'avions plus peur. »

Arrivés à Auschwitz, après la « préparation » où on enlève leurs affaires aux juifs, et juste avant qu'ils ne soient marqués au fer rouge :

Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d'un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d'aller plus bas : il n'existe pas, il n'est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la nôtre. Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulions le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, ce que nous étions, subsiste. »
Dans le camp :
Poussé par la soif, j'avise un beau glaçon sur l'appui extérieur d'une fenêtre. J'ouvre, et je n'ai pas plus tôt détaché le glaçon qu'un gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l'arrache brutalement. « Warum ? » dis-je dans mon allemand hésitant. « Hier ist kein warum » (ici il n'y a pas de pourquoi), me répond-il en me repoussant rudement à l'intérieur.
L'explication est monstrueuse, mais simple : en ce lieu, tout est interdit, non certes pour des raisons inconnues, mais parce que c'est là précisément toute la raison d'être du Lager [du camp]. Si nous voulons y vivre, il faudra le comprendre, et vite. »
Alors que Levi est au K.B. (l'infirmerie) :
Au moment de la distribution du pain, on entend au loin, dans le petit matin obscur, la fanfare qui commence à jouer : ce sont nos camarades de abarque qui partent travailler au pas militaire.
Du K.B. on n'entend pas très bien la musique : sur le fond sonore de la grosse caisse et des cymbales qui produisent un martèlement continu et monotone, les phrases musicales se détachent par intervalles, au gré du vent. De nos lits, nous nous entre-regardons, pénétrés du caractère infernal de cette musique.
Une douzaine de motifs seulement, qui se répètent tous les jours, matin et soir : des marches et des chanson populaires chères aux cœurs allemands. Elles sont gravées dans notre esprit et seront bien la dernière chose du Lager que nous oublierons ; car elles sont les voix du Lager, l'expression sensible de sa folie géométrique, de la détermination avec laquelle les hommes entreprirent de nous anéantir, de nous détruire en tant qu'hommes avant de nous faire mourir lentement.
Quand cette musique éclate, nous savons que nos camarades, dehors dans le brouillard, se mettent en marche comme des automates ; leurs âmes sont mortes et c'est la musique qui les pousse en avant comme le vent les feuilles sèches, et leur tient lieu de volonté. Car ils n'ont plus de volonté : chaque pulsation est un pas, une contraction automatique de leurs muscles inertes. Voilà ce qu'ont fait les Allemands. Ils sont dix mille hommes, et ils ne forment plus qu'une même machine grise ; ils sont exactement déterminés, ils ne pensent pa,s ils ne veulent pas, ils marchent."


Critique : J'ai lu ce livre, contrairement à mes habitudes, en plusieurs fois — je veux dire moins d'un chapitre par jour. Car il faut tenir. L'écriture est magnifique, à la fois simple et poétique, et surtout détachée, presque comme s'il s'agissait d'une analyse sociologique ; mais chaque phrase est une lame chauffée à blanc.
Les conditions de vie des prisonniers sont tellement épouvantables que j'ai été obligée de me répéter que tout cela avait vraiment eu lieu. Que ce n'était pas un récit de science-fiction contre-utopique. Oui, il a existé cet inhumanité, ces tortures, ces prisons à ciel ouvert, et surtout cette réduction d'hommes à l'état de bêtes, censés laper leur gamelle comme des chiens, traîner leurs fardeaux au travail comme des bœufs, et se ressembler, suivre le mouvement, tous, comme des moutons.
Un des passages marquants est d'ailleurs celui où Steinlauf, l'un des prisonniers, fait réaliser à Primo Levi l'importance de continuer à se laver, à cirer ses chaussures, à se respecter pour rester un homme, alors que tous ces gestes semblent ne plus avoir aucune importance.

D'ailleurs, les SS aussi sont comme des animaux. Une telle haine d'un peuple, l'acceptation d'une telle souffrance en face de soi, relève plus du comportement animal que d'une attitude poussée par la raison. Tout ça parce qu'ils avaient eu le malheur de naître dans une famille juive, parfois sans être pratiquants, ou de croire en un dieu qui n'était pas celui des "aryens". Il n'y avait naturellement aucune logique dans tout ça, alors les nazis en ont trouvé une. Tu parles d'un système...

Dans le camp, il n'y a plus de notion de bien ni de mal, seulement la vie ou la mort. La seule chose qui, un jour, fait oublier sa souffrance à l'auteur, est la poésie, lorsqu'il récite en italien un extrait de l'Enfer de Dante, à un français qui aimerait apprendre sa langue. Pour le lecteur non plus, le bien et le mal n'existent plus. La douleur qui suinte des pages de ce livre est plus grande, plus forte, et quand on parvient à s'arracher de sa lecture, le monde autour de nous nous paraît absurde. Surtout le fait de mettre une quelconque appréciation sur ce livre ; je n'ai pas détesté, je n'ai pas adoré, ce n'était même pas un sentiment mitigé, simplement l'oppression et l'envie de continuer, d'aller jusqu'au bout, de savoir, parce que cela signifie continuer à vivre.

samedi 25 septembre 2010

L'enfant du temps


Titre : L'enfant du temps
Auteurs : Isaac Asimov et Robert Silverberg
Genre : science-fiction
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Timmie, petit néandertalien de quatre ans, a été arraché à son monde. Car grâce aux découvertes du Pr Hoskins, il est désormais possible, au XXIe siècle, d'aller chercher des objets ou des êtres vivants dans notre passé. Voilà un bien joli cobaye...
Timmie, est terrifié dans cet univers incompréhensible. Une infirmière a été engagée pour veiller sur lui et se prend peu à peu d'amour pour cette petite créature. Mais comment pourra-t-elle sauver cet enfant des griffes des scientifiques, des médias et des politiques ?

(résumé repris du livre)

Extrait :

Mi-matinée. Elle lui avait donné un bain - beaucoup moins mouvementé que la veille - et l'avait examiné de très près : il présentait des bleus et des éraflures comme on pouvait s'y attendre chez un garçon ayant vécu dans des conditions primitives, mais aucun signe évident de maladie ni de blessure grave. Elle avait même réussi, avec beaucoup de patience et de chansons, à lui couper les ongles des mains. Ceux des orteils attendraient. Ni l'enfant ni elle n'avaient assez d'endurance pour continuer ce travail aujourd'hui.
La porte de la bulle de Stase s'était discrètement ouverte alors que Mlle Fellowes vaquait à ses occupations domestiques ; et Hoskins apparut devant elle, sans un mot, les bras croisés. Depuis combien de temps était-il là ?

- Puis-je entrer ? dit-il.

Mlle Fellowes hocha sèchement la tête.

- On dirait que c'est déjà fait, non ?

- Je voulais dire dans la zone de travail. Vous n'avez pas répondu quand je vous ai appelée par l'intercom.
- J'étais occupée. Il faut peut-être parler plus fort. Mais entrez, entrez !

L'enfant recula à l'arrivée de Hoskins. Il lui lança un regard inquiet et sembla sur le point de déguerpir dans la pièce du fond. Mlle Fellowes sourit et lui fit signe de venir ; il s'avança alors et s'agrippa à elle en enroulant ses petites jambes torses autour d'elle.

Une expression révérencielle s'épanouit sur le visage de Hoskins.

- Vous avez fait de gros progrès, mademoiselle Fellowes !

- Un petit bol de flocons d'avoines bien chaud peut faire des merveilles.
- Il a l'air déjà très attaché à vous.
- Je sais faire les choses que je dois faire, docteur Hoskins. C'est si surprenant que ça ?

Il rougit.
- Je ne voulais pas dire que...

- Non, bien sûr que non. Je comprend. Hier, c'était un petit animal sauvage, et maintenant...

- Il n'a plus rien d'un animal.

-Non, dit-elle, il n'a plus rien d'un animal."

Critique : Ce livre est très touchant. Timmie est un personnage extrêmement attachant. Tout tourne autour de lui, ce petit néandertalien arraché de son monde. Et c'est génial, car on apprend beaucoup de choses sur les néandertaliens, inventé ou pas. Mais je pense que les données son vraies.
Timmie apprend à tenir des couverts, à se tenir droit et même à parler. C'est génial, tout à fait génial, on observe l'éducation d'un petit homme préhistorique pour qu'il devienne un petit garçon civilisé. On s'attache à Timmie en même temps que cette infirmière, bien que ce petit garçon, je l'ai trouvé si touchant au début, même quand il mordait et sautait partout dans tous les coins.

Les passages sautent du côté préhistorique au côté morderne, voyant la vie des hommes préhistoriques et la disparition de Timmie.

Le style ne m'a pas particulièrement plu, un style rien de plus banale écrit à la troisième personne.

Mais un livre génial, touchant, si touchant...

vendredi 24 septembre 2010

Comme un roman


Titre : Comme un roman
Auteur : Daniel Pennac
Genre : Histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : J'ai adoré

Résumé :

LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

(résumé repris du livre)

Extrait :

(première page)

Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe "aimer"... le verbe "rêver"...
On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : "Aime-moi !" "Rêve !" "Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire !"
- Monte dans ta chambre et lis !
Résultat ?
Néant.
Il s'est endormi sur son livre. La fenêtre, tout à coup, lui a paru immensément ouverte sur quelque chose d'enviable. C'est par là qu'il s'est envolé. Pour échapper au livre. Mais c'est un sommeil vigilant : le livre reste ouvert devant lui. Pour peu que nous ouvrions la porte de sa chambre nous le trouverons assis à son bureau, sagement occupé à lire. Même si nous sommes monté à pas de loup, de la surface de son sommeil il nous aura entendu venir.
- Alors, ça te plaît ?
Il ne nous répondra pas non, ce serait un crime de lèse-majesté. Le livre est sacré, comment peut-on ne pas aimer lire ? Non, il nous dira que les descriptions sont trop longues.
Rassuré, nous rejoindrons notre poste de télévision. Il se peut même que cette réflexion suscite un passionnant débat entre nous et les autres nôtres...
- Il trouve les descriptions trop longues. Il faut le comprendre, nous sommes au siècle de l'audiovisuel, évidemment, les romanciers du XIXe avaient tout à décrire...
- Ce n'est pas une raison pour le laisser sauter la moitié des pages !
...
Ne nous fatiguons pas, il s'est rendormi."

Critique : Daniel Pennac parle dans ce livre, des enfants qui n'aiment pas lire. Un livre plutôt adressé aux parents de ceux-ci donc, mais j'ai lu Comme un roman et je me suis régalé.
On ne sait pas vraiment qui parle mais on devine que c'est autobiographique puisque l'auteur est prof de français.
Ce livre nous interroge, nous lecteurs qui dévorons. On ne comprend pas ce dégoût des livres chez les jeunes de mon âge et on est triste. Triste à cause de ces enfants qui n'ont pas eu la merveilleuse chance de découvrir la lecture, l'évasion ! On a envie de leur dire à ces enfants que c'est merveilleux la lecture, ce n'est pas du tout ce que vous croyez, ce n'est pas forcément des livres compliqués dans un langage compliqué, barbare et incompréhensible ! Ce n'est pas un cours de français les livres ! Ce n'est pas les classiques que nous donnent les profs, les livres barbare qu'on a du mal à lire ! Ce n'est pas ça, ce n'est pas forcément ça... Même moi, vous voyez, même moi qui dévore les livres, qui fait un blog sur les livres, même moi je déteste les lectures que nous donnent les prof de français ! Ça dépend bien sûr, mais la littérature classique, je n'aime pas ça... Alors vous voyez, vous voyez ?...

J'ai beaucoup aimé le style et la première partie qui nous parle des débuts, quand l'enfant apprend à lire, qu'il est tout émerveillé. Daniel Pennac décrit parfaitement bien l'enfant surexcité, cette scène est prenante, cette scène fait sourire. Et puis, plus rien. L'enfant, arrivé à l'adolescence ne lit plus.
Et on ne comprend pas. On ne comprend pas pourquoi cet enfant n'aime pas lire. Ou peut-être que si. A cause des livres que nous fait lire les profs. Si ces pauvres enfants ne connaissent que la littérature classique, comment peut-il aimer les livres ? Hein ? Hein ? Je me le demande.

La partie où le prof lit Le Parfum à voix haute à ses élèves est merveilleuse. Voilà comment faire aimer les livres à des ados. En leur lisant des livres pour leur âge à voix haute. Tous les profs de français devraient faire ça à mon avis, mais c'est impossible malheureusement...

Un livre qui se lit très vite, et qui nous interroge sur le monde des "non-lecteurs". A lire pour les dévoreurs de livres !

dimanche 12 septembre 2010

Dans le train


Titre : Dans le train
Auteur : Christian Oster
Genre : Histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd. Cet homme, c'était moi, mais ce n'était pas mon sac. C'était celui d'une femme. Je ne la connaissais pas. Je suis monté avec elle dans le train.

(résumé repris du livre)

Extrait :

(première page)
Un jour, sur un quai, un homme de taille moyenne tenait à la main un sac très lourd. Cet homme, c'était moi, mais ce n'était pas mon sac. C'était celui d'une femme. Et ce sac était lourd parce qu'il contenait des livres.
C'est elle qui me l'a dit. Ç'avait été notre premier contact. Elle peinait, sur le quai de la gare, haussant l'épaule du côté où elle portait.

Un peu de la même façon, elle portait des lunettes, avec une sorte de gêne. Comme si ses lunettes l'eussent empêchée de voir, ou qu'elle eût cherché, à travers, à saisir quelque chose d'abstrait, ou d'idéal, qui eût été en rapport avec le monde et qui n'eût pas été le monde. Quelque chose comme le monde, donc, mais en mieux. Elle devait être myope ou idéaliste, cette femme, ou peut-être les deux, je n'ai pas essayé de trancher.

C'est son sac qui m'a d'abord fait mal. Elle ne le posait pas. Alors qu'elle se tenait immobile, sur le quai, face à la voie. Elle ne voulait peut-être pas en salir le fond. Ça ne me semblait pas une raison suffisante pour souffrir.

Mon problème, tout de suite, a été de savoir si je devais lui suggérer de le lui porter, son sac, ou, plus rationnellement, plus économiquement, du point de vue de l'effort - aussi bien du mien que du sien -, de l'amener à consentir à ce qu'elle le posât. La seconde solution manquait à tout le moins de panache, voire de galanterie. La première, comparativement à la seconde, manquait de cette évidente nécessité sans laquelle aborder une femme, pour tout homme, trahit la préméditation.
Or rien n'était prémédité, dans mon attitude, j'avais tout de suite éprouvé le besoin de soulager cette femme.

Je m'étais approché d'elle. Elle avait dû me voir, je pense. Mais je n'avais pas croisé son regard. Je m'étais mis, tout en tournant autour de la question de savoir quelle proposition je devais lui faire, pour la soulager, à tourner autour d'elle, cette femme, effectuant de lents cercles concentriques qui m'en rapprochaient sans m'amener franchement à son contact. Comme elle se tenait à distance de la voie, j'avais assez d'espace pour ça. Et en même temps elle me voyait, maintenant, elle voyait bien que je lui tournais autour. J'ai eu vite peur d'une ambiguïté, dans son esprit, et je me suis permis de l'aborder. Je lui ai proposé de lui prendre son sac, arguant qu'il me semblait lourd. Elle m'a remercié, d'un air inquiet, et m'a dit que si elle le souhaitait elle pouvait le poser à ses pieds, tout simplement. Je n'ai pas eu le temps de lui demander pourquoi, dans ces conditions, puisqu'elle peinait, selon toute apparence, à le tenir à bout de bras, elle ne s'en était pas délivrée. Là, elle a pris les devants et a posé son sac sur le quai, à ses pieds, et pour la première fois j'ai compris que je lui faisait violence.

Parce qu'elle ne voulait pas le lâcher, son sac. Je l'ai bien vu, ça. Elle s'en débarrassait uniquement pour éviter mon aide. En prenant le risque de le salir, par ma faute. Je me suis senti coupable, alors que j'aurais souhaité lui rendre service, et j'ai voulu me racheter. J'ai dit non, ce n'est pas ce que je voulais dire, je ne voulais pas que vous le posiez, vous allez le salir, à moins que ça ne vous soit égal, bien sûr, mais j'avais l'impression que vous ne vouliez pas vous y résoudre par crainte de le salir, le fond, peut-être que j'exagère, remarquez, et que je me trompe, si vous pouviez me rassurer sur ce point, et juste me dire que ça vous est égal, je me sentirais mieux. Ou peut-être au contraire ai-je raison, et alors dites-le-moi aussi, ça ne me rassurera pas, mais je pourrai peut-être faire quelque chose, non ?
Elle m'a regardé, de derrière ses lunettes, non comme si j'eusse été l'idéal qu'elle cherchait, dans le monde, au contraire, elle semblait penser que quelque chose ne collait pas, dans sa vision, ou que ses lunettes ne m'étaient pas adaptées, ou que je faisais tache, sur ses verres, en tout cas elle m'a dit qu'est-ce que vous voulez, exactement ? Il vous intéresse tant que ça, mon sac ?"
Critique : Je suis tombé sur ce livre par hasard, dans les bouquins que mon père avait pris à la bibliothèque. Le style m'a tout de suite séduit, alors j'ai lu sans pouvoir m'arrêter, prise dans l'écriture prenante, dans la vie de cet homme, dans ses situations absurdes et dans sa tête, bouillante de pensées tout aussi absurdes.
Grâce au style, fait de virgules, de mots mis côtes à côtes, de dialogues dit comme ça, sans tirets, sans rien, comme si ce n'était pas important, l'auteur nous donne la vision de deux personnages absurdes, incongrues, et cela donne quelque chose de drôle qui rend absolument bien.
On est entrainé dans les péripéties de ce personnage, on ne peut plus s'arrêter, on est dans le moment, dans ses pensées, dans sa tête. C'est pour ça que j'ai eu extrêmement de mal à m'arrêter dans l'extrait. J'aurais été capable de retranscrire tout le bouquin^^
L'histoire, quand à elle est très simple, une rencontre entre un homme et une femme, rien de plus classique, rien de plus normal, mais c'est génial !

vendredi 10 septembre 2010

Je ne t'aime toujours pas, Paulus (tome 2)


Titre : Je ne t'aime toujours pas, Paulus
Auteur : Agnès Desarthe
Genre : Histoire de vie, littérature adolescente
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Depuis que Paulus est parti, Julia a comme un trou - un trou de la taille et de la forme d'un téléviseur - en plein milieu du ventre. Le mec-us le plus beau-us du mondus lui a annoncé qu'il déménageait, au moment où elle s'attendait à recevoir son inoubliable premier baiser...
Et la loi de l'emmerdement maximum s'est à nouveau vérifiée.
Depuis le départ de Paulus, la mère de Julia se conduit comme une exhibitionniste dépravée, sa petite sœur Judith, très perturbée psychiquement, a décidé d'inventer un nouveau langage, qu'elle est bien la seule à comprendre. Quant à Johanna, sa meilleure amie, elle la délaisse pour se consacrer à sa carrière de future grande actrice.
C'est pourtant cette même Johanna, experte en sentiments, qui lui suggère une solution pour se consoler de l'absence de Paulus : il suffit de créer de toutes pièces une nouvelle aventure avec un garçon aussi attirant que lui et surtout très différent.
Julia décide de tout miser sur Dick Pool, le correspondant anglais qui doit débarquer dans leur classe le lundi suivant. C'est bien connu, les anglais sont tous cool et sexy... enfin, presque tous. Et Paulus ne se laisse pas oublier si facilement.

(résumé repris du livre)

Extrait : (première page)
Aujourd'hui, j'ai compris une chose importante : le chagrin n'est pas en relief. Le chagrin ne prend pas de place. C'est le contraire. C'est une chose en moins, pas une chose en plus.
Quand Paulus est parti, ça m'a fait comme un trou, un trou de la taille et de la forme d'une télévision, en plein milieu du ventre.

Johanna, ma meilleure amie, à qui j'ai essayé d'expliquer ça, m'a dit que j'étais folle. C'était au téléphone et c'était très fatigant. Expliquer une chose à Johanna, c'est crevant, parce qu'elle a un cerveau dans une matière spéciale, une matière molle et rebondissante en même temps. On ne sait jamais si ce qu'on lui dit y entre ou bien rebondit pour aller ailleurs. Expliquer une chose à Johanna par téléphone, c'est-à-dire sans pouvoir faire de gestes, ni de dessin, ça tient carrément de l'exploit.

- Comment ça, une télé ? m'a-t-elle demandé. Une télé de quelle taille ? Y a pas de place dans un ventre pour une télé. Et puis pourquoi une télé ?

D'habitude, Johanna n'est pas curieuse, pas le genre à poser des questions, mais cette histoire de télé l'a déchaînée.
- Une télé, ai-je répondu, parce que c'est dur, c'est carré et c'est lourd et, en même temps, ça fait un contour bien net. Un trou en forme de télé, c'est une image, une métaphore. C'est pour exprimer ce que je ressens... eh, oh, t'es morte ou quoi, je t'entends plus ?

- T'énerve pas, je m'allumais une clope.
- Johanna, il faut que tu arrêtes de fumer, c'est très important.
- Pourquoi ?

- Parce que, si tu n'arrêtes pas maintenant, tu devras arrêter quand tu seras adulte et tu prendras dix kilos, puis vingt, puis trente. C'est ce qui est arrivé à mon père. Je te jure, il était pas obèse à quatorze ans. Si tu arrêtes maintenant, tu es débarrassée de l'obésité pour toujours.

- Je vais y réfléchir.

C'était une victoire et, du coup, je n'ai pas insisté pour la métaphore de la télé. A la place, je lui ai raconté ce qui s'était passé avec Paulus.
A cette époque, je ne savais pas encore que le chagrin n'est pas en relief, je pensais qu'il se présentait sous forme de boule, un genre de pelote, et que, quand on parlait, ça défaisait la pelote. Au bout d'un moment, il n'en restait rien. J'étais très naïve."
Critique : Ce livre est génial, touchant, drôle, mais pas autant que le premier, Je ne t'aime pas, Paulus. L'écriture est plus sérieuse, peut être est ce à cause de Paulus qui est parti, ce qui donne un livre plus nostalgique, bien que j'ai eu de nombreux fous rires jusqu'à en pleurer (je vous jure !). Julia est plus sérieuse aussi, car elle a perdu un être cher, et elle prend conscience des choses de la vie. De temps en temps, on a le cœur serré. Mais Julia reste un personnage très drôle et attachant, et le style aussi, malgré ce que j'ai dit plus haut.
La fin nous rend heureux, on a le cœur qui s'emballe et un sourire sur la figure qui reste jusqu'à temps que l'on s'endorme...

mardi 7 septembre 2010

La Voleuse de livres


Titre : La Voleuse de livres
Auteur : Markus Zusak
Genre : roman historique
Appréciation : Coup de cœur

Résumé : Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la mort s'est arrêtée.
Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres...

(résumé repris du livre)

Extraits :

(première page)

D'abord les couleurs.
Ensuite les humains.
C'est comme ça que je vois les choses, d'habitude.
Ou que j'essaie, du moins.

UN DÉTAIL
Vous allez mourir.

En toute bonne fois, j'essaie d'aborder ce sujet avec entrain, même si la plupart des gens ont du mal à me croire, malgré mes protestations. Faites-moi confiance. Je peux vraiment être enjouée. Je peux être aimable. Affable. Agréable. Et nous n'en sommes qu'aux "A". Mais ne me demandez pas d'être gentille. La gentillesse n'a rien à voir avoir moi.

RÉACTION AU DÉTAIL CI-DESSUS
Ça vous inquiète ?
Surtout, n'ayez pas peur.
Je suis quelqu'un de correct."




Pour Liesel Meminger, le début de l'année 1942 pourrait se résumer à ceci : Elle fêta ses treize ans. Elle n'avait toujours pas de poitrine. Elle n'avait pas encore ses règles. Le jeune homme du sous-sol était maintenant dans son lit.

Q/R

Comment Max Vandenburg

arriva-t-il dans le lit de Liesel ?

En s'effondrant.

Les opinions divergeaient, mais pour Rosa Hubermann, c'est à la Noël précédente que tout avait commencé.
Le 24 décembre avait été marqué par la faim et le froid, mais il y avait un bonus en ceci que personne n'était venu séjourner chez eux. Hans junior était sur le front russe et continuait de toute façon à refuser de voir sa famille. Trudy n'avait pu se libérer que quelques heures et était passée le week-end précédent Noël. Elle partait avec la famille qui l'employait. Les vacances d'une tout autre classe d'Allemands. La veille de Noël, Liesel apporta à Max une grosse poignée de neige en guise de cadeau. "Fermez les yeux et tendez les mains", dit-elle. Quand elle déposa la neige au creux de ses paumes, Max frissonna et se mit à rire. Les yeux clos, il la goûta. "C'est le bulletin météo du jour ?" demanda-t-il. Elle lui toucha doucement le bras. Il porta de nouveau un peu de neige à ses lèvres. "Merci Liesel." Ce fut le début d'un merveilleux Noël. Pas grand chose à manger. Pas de cadeaux. Mais un bonhomme de neige dans leur sous-sol."
Critique : Ce livre, comment dire, est extraordinaire. Il y émane une telle force, une telle poésie, une telle beauté... Déjà, on n'en a pas lu beaucoup des livres raconté par la Mort, n'est ce pas ? Voilà la particularité de ce livre qui fait que l'écriture est remplie d'un truc très beau et très fort. Un truc qui fait que sitôt en main, on n'a plus envie de lâcher le bouquin.
La Mort est vraiment un personnage incroyable, et les passages où elle parle d'elle sont vraiment d'une beauté... (c'est pour ça que je vous ai mis deux extraits pour que vous voyez les différents styles). L'histoire est superbe, extraordinaire, et c'est là d'où vient la force du livre, de l'histoire, où sûrement de cette incroyable petite fille... Une histoire où il faut se battre malgré la guerre, malgré la famine, la pauvreté, on s'aime et l'amour est là, dans la famille de Liesel, grâce à cette petite fillette qui a un cœur immense... On a envie de pleurer des fois. On a envie de rire aussi. Une très belle histoire sur la guerre, sur l'innocence, sur une petite fille vivant pendant la Seconde Guerre mondiale, raconté du côté Allemand, tous vénèrent Hitler, et d'autres y sont obligés... C'est la première fois que je lis un livre dans lequel Hitler est tout, le chef suprême et adoré de tous (enfin presque...).

La mise en page du livre est très étrange. De temps en temps, La Mort (et on oublie de temps en tant que c'est elle la narratrice, jusqu'à ce qu'elle revienne sur elle) nous fait part d'une anecdote au milieu de la page, en gras (comme dans les deux 'extrait ci-dessus) qui nous coupe de l'histoire pendant un instant, comme si elle (La Mort) voulait mettre une parenthèse, ou plutôt qu'elle veux nous faire part de ses pensées. C'est génial et on s'y habitue.

Les quelques illustrations et croquis sont magnifiques.

Un très beau livre qui convient aussi bien aux adultes qu'aux adolescents. A lire absolument !