jeudi 1 septembre 2011

Le Fils de l'Ombre


Titre : Le Fils de l'Ombre (La Trilogie de l'Ombre, t. 1)
Auteur : Jon Sprunk
Genre : Fantasy, Aventure
Appréciation : Répulsif

Résumé :

La ville sainte d'Othir est l'endroit rêvé pour un assassin sans scrupule. Dans cet univers sombre où traitrise et corruption rôdent à chaque coin de rue, Caim gagne sa vie à la pointe de sa lame, jusqu'au jour où un contrat banal le jette au beau milieu d'une machination. Confronté à des hommes de loi véreux, à des tueurs rivaux et à une terrifiante sorcellerie, il a avec lui deux alliés inattendus : un esprit gardien qu'il est le seul à voir et… la fille de sa dernière victime ! Pour défendre sa peau, Caim ne se fie qu'à ses couteaux et à son instinct. Pourtant, cette fois, tout bascule. Afin de déjouer une conspiration qui prend sa source au cœur même de l'empire, il doit s'approprier son héritage, celui du Fils de l'Ombre…

(résumé repris du livre)

Extrait

En franchissant d'un bond une mare fétide, à la Croix du Prieur, il entraperçut la lune cornue, perchée au-dessus du toit d'un atelier de teinture à l'abandon telle une faucille d'argent. Sa beauté d'outremonde, à jamais hors de portée, le rendait invariablement mal à l'aise, sans qu'il parvienne à trouver les mots aptes à décrire cette impression. Cela ressemblait à la nostalgie que l'on ressentait quand on était loin de chez soi, sans jamais avoir connu de foyer.
Othir lui en tenait lieu depuis six ans. Il avait commencé par louer son épée dans les territoires occidentaux pendant son adolescence, en s'engageant dans diverses compagnies de mercenaires, amassant d'une main le pécule qu'il dépensait de l'autre. Mais à la suite d'une sale histoire en Isenmère, sa bande avait été chassée par des rivaux en mal de vengeance. Il avait alors erré de ville en ville, sans jamais cesser de regarder par-dessus son épaule. Constatant finalement qu'aucun homme de loi ne venait l'arrêter, il avait entamé une nouvelle vie.
Tournant à droite sur le Méandre, il déboucha sur l'entrelacs de ruelles et de venelles que l'on nommait les Caniveaux. On y trouvait les bâtiments les plus anciens, faits de brique friable recouvertes d'un badigeon de blanc douteux. Les toits d'ardoise pleins de suie penchaient selon un angle prononcé et de hautes flèches surmontaient leurs pignons aux volets clos. Les Caniveaux abritaient toutes sortes d'escrocs et de déviants possibles, et il fallait y déployer des trésors de précaution. Tout pouvait arriver, dans cet endroit, et cela ne manquait généralement pas de se produire."


Critique :
Ce qui m'avait décidée à emprunter ce livre à la médiathèque ? Trois choses.
D'abord, comme vous avez pu le constater, je suis en ce moment portée sur les histoires d'assassins. Ensuite, sur la quatrième de couverture, il y avait une critique qui disait « Les fans de Brent Weeks et de Brandon Sanderson vont adorer.» Étant, en quelques heures, devenue une inconditionnelle du premier, j'ai voulu tester, voir si Sprunk ferait aussi bien (genre : c'est ce qu'on va voir, essaie toujours).
Troisième et dernier facteur : au début, dans les remerciements, l'auteur remercie « Steve, Bruce, Dave, Adrian, Nicko et Janick, pour m'avoir inspiré au fil des années.» Par ces six prénoms, comprenez Steve [Harris], Bruce [Dickinson], Dave [Murray], Adrian [Smith], Nicko [McBrain] et Janick [Gers], qui ne sont autres que les joyeux lurons d'Iron Maiden, groupe de heavy metal britannique dont je suis fan.

Eh bien, j'espère que ce que Maiden a inspiré à Sprunk n'est pas réuni dans ce livre, parce que ça voudrait dire, soit que le groupe est une très mauvaise influence pour les écrivains en général, soit que Jon Sprunk est sourd, et je pencherai plutôt pour cette solution.
Question assassins, je me suis retrouvée devant des guignols bien rigolos, gentils, sympathiques mais terriblement niais, et question Brent Weeks, ça m'a bien fait rigoler : Sprunk ne lui arrive pas à la cheville. Pourtant, il aura essayé, ce brave garçon. Rien que par les titres (du tome et de la trilogie), on voit qu'il a eu les mêmes idées, mais hélas, la mayonnaise n'a pas aussi bien pris chez lui que chez l'autre.

Ce qui est très drôle, c'est que la quatrième de couverture nous dit que « les nombreux refus d'éditeurs ne l'ont jamais découragé », notre ami Sprunk. Et pourtant…
D'une part, le style est lourdingue et facile. Tenez, par exemple, que dire de Tout pouvait arriver, dans cet endroit, et cela ne manquait généralement pas de se produire, tournure qui se voulait sans doute innovante mais qui est en réalité d'une lourdeur sans nom ? Ou les métaphores que sur la lune (dans l'extrait) que plus aucun poète n'ose faire depuis longtemps…
D'autre part, c'est horriblement mal traduit ; il est impossible que toutes les expressions lourdes viennent d'une seule et même personne.
Les personnages sont tous stéréotypés, l'action est ennuyeuse et lente, l'histoire (banale) s'essouffle vite. Je n'ai pas réussi non plus à déceler la moindre trace de l'atmosphère sombre d'Othir décrite dans le résumé. Rien à voir avec celle de Cénaria rendue dans la trilogie de l'Ange de la Nuit. Non, dans ce livre, tout va très bien, les méchants sont méchants et les gentils sont gentils, R.A.S., passez votre chemin, ô manants qui voulez de la fantasy intéressante, drôle, complexe et originale.

Heureusement que ce livre ne comporte pas plus de 355 pages, parce que sinon, je ne l'aurais jamais fini.
Moralité : ne vous fiez pas trop souvent aux critiques qu'on vous sert au dos des livres. C'est juste pour que vous puissiez rapporter 20 € à la maison d'éditions, et même si j'aime beaucoup Bragelonne, les stratégies marketing, ça va deux minutes.

PS : Je me permets d'être aussi méchante parce que je connais des gens qui étaient dans ma classe l'année dernière qui écrivent bien mieux que Jon Sprunk. Ceci dit, comme on l'entend souvent, critiquer c'est facile quand on n'écrit pas l'histoire soi-même. Je suis entièrement d'accord.
J'ai presque honte de chroniquer ce livre, parce que j'aurai pu ne rien publier, passer outre mon moment de colère à la fin de ma lecture et dire que mon prochain billet serait positif. Je tente une circonstance atténuante : cette critique me sert de défouloir avant la rentrée. Après, je vous lirai des bons trucs. J'ai fini L'Ange de la Nuit, si ça vous intéresse, alors je tenterai de tenir ma promesse de le chroniquer bientôt, dès que j'aurai le temps.

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