samedi 28 août 2010

La légende du roi errant

Titre : La légende du roi errant
Auteur : Laura Gallego Garcia
Genre : Conte, Aventure, Voyage initiatique
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Battu par trois fois à un concours de poésie, Walid, jeune prince orgueilleux, se venge de son adversaire en lui imposant des épreuves. L'humble poète lauréat tissera même un tapis contenant toute l'histoire de l'humanité... Il en mourra d'épuisement.
Un jour le tapis est volé. Walid croit à un signe du destin. Rongé par la culpabilité, il partira à sa recherche sur les pistes du désert.

Ce roman d'aventure est aussi un livre d'initiation, une réflexion sur l'art et la vie, une métaphore du destin dans la grande tradition des contes arabes.
Résumé repris du livre.

Extrait : « — Il semblait impossible de réussir une qasida plus parfaite que la vôtre, mon prince, conclut le maître. Pourtant, cet homme l'a fait.
— Pourquoi ?
— Parce qu'il a doté la vieille qasida de quelque chose de nouveau : il a ajouté la beauté intérieure à la beauté formelle. L'année dernière, nous les jurés nous avons remarqué qu'il manquait quelque chose à votre qasida comparée à la sienne. C'était beaucoup plus évident dans le nasib, bien que nous ne parvenions pas à préciser de quoi il s'agissait... Croyez moi, seigneur, j'ai ensuite longuement réfléchi à cette question... et j'en suis arrivé à la conclusion que vos vers sont beaux, mais vides. Alors que le nasib de Hammad débordait d'amour, le vôtre montrait que vous n'aviez jamais aimé une femme.
— J'ai aimé beaucoup de femmes... protesta Walid.
Al-Nabiga acquiesça, comme s'il s'attendait à cette réponse.
— Nous avons décidé, ajouta-t-il, de ne pas tenir compte de ce défaut, parce qu'il est habituel que les poètes parlent de choses qu'ils ne connaissent pas et que, par ailleurs, vous êtres jeune ; mais nous avons retrouvé la même chose dans le rehil : le désert que vous décrivez ne semble pas réel ; les dunes, le vent, les chacals, les chameaux, le ciel... touts semble sorti de votre esprit et non de votre cœur, comme si vous n'aviez jamais traversé le désert qui entourait votre ville.
— C'est absurde ! marmotta le prince. J'ai dirigé des dizaines d'expéditions et...
Al-Nabiga poursuivit aimablement :
— Sur ce point aussi, Hammad a été supérieur à vous. Tous les jurés sont tombés d'accord pour dire qu'il s'agit d'un grand poète qui pourrait révolutionner la poésie arabe en lui ajoutant simplement un élément fondamental dont peu de poètes avant lui ont tenu compte.
— Le quel ?
— Le cœur.

Critique : Ce livre est d'abord un conte, et un voyage initiatique écrit dans une forme somme toute assez classique. Pourtant, il y a quelque chose de différent des autres récits de ce genre. Laura Gallego Garcia a réussi a rendre l'histoire captivante, émouvante et poétique, sans partir dans des clichés sur la culture arabe et des pages de métaphores larmoyantes. J'ai bien aimé le style, simple, qui semble couler de source. Et toute cette réflexion sur la vie (a-t-on un destin tout tracé ou est-on libre de décider soi-même de la tournure que va prendre son existence), la culpabilité, la vengeance, la jalousie, est très belle et intéressante. Une grande partie du récit se passe dans le désert, qui est un lieu de mystère et de silence, où il est plus facile de réfléchir sur soi-même. L'histoire m'a vaguement rappelé Le chevalier à l'armure rouillée, de Robert Fisher, magnifique livre dans lequel un type est tellement attaché à sa belle armure qu'il vit avec nuit et jour, si bien qu'il ne peut plus à l'enlever, et doit, en passant successivement par trois châteaux, reconquérir l'amour de sa femme, de son fils, ainsi que son amour pour lui-même.
Bref, c'est un livre que je n'ai pas mis en coup de cœur pour ce seul bémol : au début surtout, j'ai eu l'impression que tout allait trop vite, que les évènements importants se succédaient trop facilement, que l'auteur était pressée d'arriver à la fuite de Walid dans le désert. Mais cette sensation s'arrête à partir de ce moment, et les aventures s'enchaînent logiquement. Tout ça se lit vite (pile 300 pages écrites assez gros), mais ça a été une belle lecture.

2 commentaires:

Rosemonde a dit…

Je ne suis pas trop fan des contes, c'est un univers qui m'attire moins. Les légendes, les trucs qui se passent dans des grands palais, genre milles et une nuit, ect, ce n'est pas trop mon truc. Mais bon, voilà :)

Kimaali a dit…

Justement, ce n'est pas un conte ordinaire, c'est ce que j'ai apprécié. Il se passe en grande partie dans le désert, et c'est loin d'être du genre des Mille et une nuits. Plutôt une réflexion sur l'existence... %-)