lundi 30 mai 2011

Ensemble, c'est tout


Titre : Ensemble, c'est tout
Auteur : Anna Gavalda
Genre : Histoire de vie
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Camille dessine. Dessinait plutôt, maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge Franck, cuisinier de son état, dont l'existence tourne autour des filles, de la moto et de Paulette, sa grand-mère. Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l'idée de mourir loin de son jardin.
Ces quatre-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus trop seuls, trop cabossés... Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l'amour - appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu.

Leur histoire, c'est la théorie des dominos, mais à l'envers. Au lieu de se faire tomber, ils s'aident à se relever.

(quatrième de couverture)

Extrait :
Elle avait déjà bu la moitié de la bouteille et venait d'enclencher le deuxième disque quand on ralluma la lumière.
Ce fut affreux, elle mit ses mains devant ses yeux et la musique lui sembla soudain hors de propos, les voix incongrues, nasillardes presque. En deux secondes, tout le monde se retrouva au purgatoire.

- Ben t'es là, toi ?
- ...
- T'es pas chez toi ?
- Là-haut ?
- Non, chez tes parents...
- Ben non, tu vois...
- T'as bossé aujourd'hui ?
- Oui.
- Ah ben excuse, hein, excuse... Je croyais qu'y avait personne...
- Y a pas de mal...
- C'est quoi ton truc ? C'est la Castafiore ?
- Non, c'est une messe...
- Ah ouais ? T'es croyante, toi ?
Il fallait absolument qu'elle le présente à son vigile... Ils allaient faire un tabac, ces deux-là... Encore mieux que les petits vieux du Muppet Show...
- Nan, pas spécialement... Tu veux bien éteindre, s'il te plaît ?

Il s'exécuta et quitta la pièce mais ce n'était plus pareil. Le charme était rompu. Elle était dégrisée et même le canapé n'avait plus sa forme de nuage. Elle essaya de se concentrer pourtant, repris le livret et chercha où elle en était :
Deus in adiutorium meum intende
Dieu, viens à mon aide !
Oui, c'était exactement ça.

Manifestement l'autre benêt cherchait quelque chose dans la cuisine et gueulait en se vengeant sur toutes les portes des placards :
- Dis donc, t'as pas vu les deux Tupperware jaunes ?
Oh misère...
- Les grands ?
- Ouais.
- Non. J'y ai pas touché...
- Ah, fais chier... On trouve jamais rien dans cette baraque... Qu'est-ce que vous foutez avec la vaisselle ? Vous la bouffez ou quoi ?
Camille appuya sur pause en soupirant :
- Je peux te poser une question indiscrète ? Pourquoi tu cherches un Tupperware jaune à deux heures du matin le soir de Noël ?
- Parce que. J'en ai besoin.
Bon, là c'était fichu. Elle se releva et éteignit la musique.
- C'est ma chaîne ?
- Oui... Je me suis permis...
- Putain, elle est super belle... Tu t'es pas foutue de moi dis donc !
- Ben nan, je me suis pas foutue de toi dis donc...
Il ouvrit grands ses yeux de merlu :
- Pourquoi tu me répètes, là ?
- Pour rien. Joyeux Noël, Franck. Allez viens, on va la chercher ta gamelle... Là, regarde, sur le micro-ondes..."

Critique : Ce livre est prenant. L'écriture, le style et les dialogues rendent un ensemble prenant et tourné à merveille. Les dialogues sont plein de vie, les personnages parlent, ils sont là, ils s'expriment avec leur mots et leur langage propre à eux même. Il y a une telle vivacité dans ce livre qu'il reste entre nos mains, ne voulant plus le lâcher. C'est pour ça qu'à chaque trous, chaque heures où j'avais du temps pour lire, chaque minutes de répits, j'étais plongé dans ce livre joli comme le monde et innocent. Trop innocent. Innocent, mignon, gentil, il n'y a pas de méchants dans ce livre, ah ça non. Et c'est surtout la fin qui m'a énervé, je la tairais pour ne pas la dévoiler, mais voilà, elle est trop gentille elle aussi, le moment le plus gentil du livre, le happy end quoi, le happy end parfait comme tout. Voilà.
Pour ne pas vous mentir, j'avais vu le film Ensemble, c'est tout, avec Guillaume Canet et Audrey Tautou, avant de lire le livre. Film que j'ai vraiment adoré. Livre prenant, ce qui m'a surpris et étonné, vu que je connaissais déjà l'histoire, que je ne m'attendais à ni moins ni plus de surprises. Quelques unes, oui, puisque c'est un livre, tout le monde sait que les livres sont plus complexes que les films. J'ai donc lu ce livre avec un beau Guillaume Canet en tête, ce qui était chouette ! Pas tellement de surprises donc, mais un oublie du film, ça oui, et ça, c'est ce qui m'a vraiment plu. Être capable de lire le livre d'un film en chassant la version cinématographique de sa mémoire, faut le faire, et vraiment chapeau, même si j'avais juste les personnages qui se reflétaient dans ma petite caboche, ce qui n'est pas trop grave d'après moi, vu que Franck était transformé en Guillaume Canet. Alors voilà.
De plus, il y a un petit quelque chose que je n'ai pas adhéré, une façon de tourner les choses, les descriptions sur un sentiment de raciste, peut-être le mot est un peu gros, je ne sais pas, un sentiment de clichés peut-être, oui c'est ça, des clichés, l'auteur utilise beaucoup de clichés dans ce livre et c'est un point de plus qui m'a gênée. Par exemple prenons la collègue de nettoyage de Camille : Mamadou, une africaine pur jus, cliché, vraiment cliché, rien que le nom cela fait cliché. Une grosse femme callipyge (j'aime employer ce mot, il est tellement beau) avec une grosse voix d'africaine et une famille grande comme le monde : cliché, cliché, encore cliché et rien que cliché ! :

"- Mais voyons, se renfrognait-elle, mais voyons, bonjour chez lui. S'il touche à mon ventre, je le mange tout cru... C'est bon les petits docteurs blancs...
Elle forçait son accent et se frottait le boubou.
- Oh oui, c'est du bon miam-miam ça... C'est mes ancêtres qui me l'ont dit. Avec du manioc et des crêtes de poule... Mmm..." (p.22)

"- C'est quoi ça ?
- C'est la CAF !
- Non, mais tous ces noms, là ?
- Ben c'est ma famille dis donc !
- Ta quelle famille ?
- Ma quelle famille, ma quelle famille ? Ben, la mienne ! Réfléchis dans ta tête Camille !
- Tous ces noms, c'est ta famille ?
- Tous, opina-t-elle fièrement.
- Mais t'en as combien de gamins ?
- A moi j'en ai cinq et mon frère, il en a quatre...
- Mais pourquoi ils sont tous là ?
- Où, là ?
- Euh... Sur le papier.
- C'est plus commode parce que mon frère et ma belle-mère habitent chez nous et comme on a la même boîte aux lettres alors...
- Non mais, ça va pas là... Ils disent que ça ne va pas... Que tu peux pas avoir neuf enfants...
- Et pourquoi je pourrais pas ? s'indigna-t-elle, ma mère, elle en a bien douze, elle !"

"Camille souriait intérieurement, visualisant mal ce que pouvait être un "gros cul" aux yeux de Mamadou..."

Cela n’empêche évidemment pas de rendre le personnage de Mamadou très sympathique, ça n’empêche pas non plus de transformer en cliché le petit noir tout triste et pitoyable qui fait la vaisselle dans les grands restaurants gastronomiques, le pauvre. Et noir en plus, quelle coïncidence, c'est fini l'esclavage, non ? Enfin voilà, tout ça pour vous dire que tous ces clichés, ces préjugés racistes me sont passés à travers le ventre et j'ai pas pu digérer. Peut-être que je me trompe totalement, je n'en sais rien, mais en tout cas c'est ce que j'ai ressenti, alors si vous n'êtes pas d'accord avec moi, vous avez tout à fait le droit, hein.
J'ai aussi eu l'impression qu'Anna Gavalda étalait sa science bien comme il faut, des noms d'auteurs dans tous les sens, des références, partout, des chanteurs, des classiques au noms qui m'étaient inconnus, aux peintres, beaucoup de peintres et de grands auteurs. Des extraits de livres aussi, de la culture, partout, dans tous les sens. Grand étalage de culture. Cela ne suffit pas de citer juste des noms. Ça ne sert pas à grand chose, juste à se croire très intelligent. Bref :

"- Et dis-nous qui tu aimes... ajouta Paulette.
- Comme peintres ?
- Oui.
- Euh... Dans n'importe quel ordre, alors... Rembrandt, Dürer, Vinci, Mantegna, Le Tintoret, La Tour, Turner, Bonington, Delacroix, Gauguin, Vallotton, Corot, Bonnard, Cézanne, Chardin, Degas, Bosch, Vélasquez, Goya, Lotto, Hiroshige, Piero della Francesca, Van Eyck, les deux Holbein, Bellini, Tiepolo, Poussin, Monet, Chu Ta, Manet, Constable, Ziem, Vuillard euh... C'est horrible, je dois en oublier plein..."

Malgré tous ces défauts, Ensemble, c'est tout reste un livre très attachant avec des personnages tout aussi touchants et c'est un peu comme une leçon de vie. Il y a des passages vraiment super et c'est quand même un livre à lire, même si ma critique n'est pas totalement positive ! :)

1 commentaire:

inthecrazyhead a dit…

Je l'ai lu il y a des années et bien avant de découvrir le film. Ce fut un des rares livres que j'ai lu très lentement tellement j'adorais. Je n'ai pas fait spécialement attention au cliché du petit noir comme tu dis ^^ C'est vraiment un beau livre, très sensible et qui prend le temps de présenter les personnages. Bref, un livre culte à mes yeux. Le film est très beau, à l'image du livre : simple et touchant. Il est rare que je trouve une adaptation d'un livre parfaite est ce fut le cas avec le film de Claude Berri.