lundi 9 mai 2011

L'Ombre du vent

L'Ombre du Vent
Titre : L'Ombre du vent
Auteur : Carlos Ruiz Zafón
Genre : Policier, sentimental
Appréciation : Coup de coeur

Résumé : "Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant est ainsi convié par son père à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y "adopter" un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie et l’entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets "enterrés dans l'âme de la ville" : L'Ombre du vent. [...]"

(Quatrième de couverture)



Extraits :


Je me souviens encore de ce petit matin où mon père m'emmena pour la première fois visiter le Cimetière des Livres Oubliés. Nous étions aux premiers jours de l'été 1945, et nous marchions dans les rues d'une Barcelone écrasée sous un ciel de cendre et un soleil fuligineux qui se répandait sur la ville comme une coulée de cuivre liquide.
- Daniel, me prévint mon père, ce que tu vas voir aujourd'hui, tu ne dois en parler à personne. Pas même à ton ami Tomás. A personne.
- Pas même à maman ? demandai-je à mi-voix.
Mon père soupira, en se réfugiant derrière ce sourire triste qui accompagnait toute sa vie comme une ombre.
- Si, bien sûr, répondit-il en baissant la tête. Pour elle, nous n'avons pas de secrets. Elle, on peut tout lui dire.

Je n'avais jamais entendu mentionner ce titre ni son auteur, mais cela n'avait pas d'importance. La décision était prise. Des deux côtés. Je pris le livre avec les plus grandes précautions et le feuilletai, en faisant voleter les pages. Libéré de sa geôle, il laissa échapper un nuage de poussière dorée. Satisfait de mon choix, je rebroussai chemin dans le labyrinthe, le volume sous le bras, le sourire aux lèvres. Peut-être avais-je été ensorcelé par l'atmosphère magique du lieu, mais j'avais la certitude que ce livre m'avait attendu pendant des années, probablement bien avant ma naissance.

- Que veux-tu faire quand tu seras grand, Miquel ?
- Je ne serai jamais grand, répondait-il, énigmatique.
Sa principale passion, outre dessiner et contredire toute créature vivante, était la lecture des oeuvres d'un mystérieux médecin autrichien qui, les années passant, devait se rendre célèbre, un certain Sigmund Freud. [...]
- Le jour où je disparaîtrai, tout ce que je possède sera à toi, Julián, disait-il souvent. Sauf les rêves.


Critique : Il ne faut pas se fier aux apparences. Derrière ce gros livre de poche aux quelques 637 pages se cache un roman vendu à plus de 12 millions d'exemplaires partout dans le monde. Carlos Ruiz Zafón devient alors un auteur espagnol reconnu.
Je dois d'abord vous l'avouer, L'Ombre du vent doit être l'un des seuls livres espagnols que j'ai lus (on ne compte pas les extraits de livre dans nos bouquins de cours). Ça doit être les quelques mots blancs sur fond rouge du papier qui entourait ce livre qui m'ont intrigué, les fameux "Déjà vendus à plus de douze millions d'exemplaires partout dans le monde". J'ai sauté sur l'occasion. J'étais en vacances et je n'avais plus rien à lire. Ce livre avait été acheté par mon père qui était fier de dire qu'il s'était largement bien vendu dans le monde.
Le résumé est alléchant pour une écrivaine débutante, et une très grande lectrice, une histoire noire et étrange d'un Cimetière des Livres Oubliés. Les premières pages sont lues d'une traite, j'accroche rapidement au monde de Zafón (ne pouvant rien dire sur le style d'écriture vu que le livre est une traduction de l'espagnol). C'est un monde sombre où le jeune Daniel, fils de libraire, grandissant au fur et à mesure des lignes, vit ses premiers émois amoureux. Derrière les histoires de ce jeune garçon aux hormones qui travaillent s’entremêle l'histoire de Julián qui semble peser sur notre jeune héros. Ensuite on est rapidement embarqué par le policier et la fabuleuse manière dont Zafón raconte ou dévoile les mystères et les explications comme si des poupées russes s’emboîtaient ou se désemboitaient. Comme un puzzle.
Tout devient alors magique, l'auteur mélange un peu tout : littérature et vie, imagination et réalité, amour et haine, mystère et vérité... On ne sait plus se dépêtrer d'une espèce de fantastique que l'on sent au fond du livre comme la lave d'un volcan en sommeil.
De plus, comme une cerise sur le gâteau, l'atmosphère d'une ville étrange rongée par la guerre noircit encore un peu le tableau.
La fin est à couper le souffle. Rien à dire de plus.
Néanmoins, il est possible de ne pas apprécier ce livre. Le monde noir de Zafón ne peut pas être apprécié par tout le monde, mais c'est vrai que l'on ne peut que reconnaître un talent et une grande imagination chez cet auteur (dont L'Ombre du vent a permis l'envol ; on retrouvera avec joie ce monde barcelonais dans Le Jeu de l'ange mais qui sera bien moins réussi que L'Ombre du vent, il reste néanmoins intéressant car Zafón se met alors dans la peau d'un écrivain...).

3 commentaires:

Rosemonde a dit…

Oh, le livre dont tu m'as parlé ! :D Je le lirais ! J'aime beaucoup ta critique, elle donne envie de lire le livre :)

chris a dit…

achète alors tout de suite "La part de l'ange" du même auteur , c'est un peu la suite sans vraiment l'être de "l'ombre du vent".
aussi bien sinon mieux !

Pascal a dit…

Premier livre d'un écrivain espagnol également. Pour ma part, c'est un roman qui m'a marqué par le style, l'histoire et surtout pour ses personnages. J'aime beaucoup ta critique merci. A ta guise, tu peux également découvrir la mienne sur mon blog http://passion-romans.over-blog.com. Cordialement. Pascal