mardi 8 mars 2011

Mauvaise fille


Titre : Mauvaise fille
Auteur : Justine Lévy
Genre : Histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : "Maman est morte, je suis maman, voilà, c'est simple, c'est aussi simple que ça, c'est notre histoire à toutes les trois. Tu en mets du temps à raconter les histoires, je me disais quand elle me racontait une histoire dans mon lit. Là c'est allé vite, si vite, le regard de maman dans le regard de ma fille, c'est là qu'elle est, c'est là que je la retrouve, et dans ses gestes aussi, dans les gestes impatients, un peu brusques, de ma petite fille doublement aimée. [...]. Partout, dans mon enfant, ma mère a laissé son empreinte."

(résumé repris du livre)

Extrait :
Je suis allée chez le coiffeur, j'ai demandé à être brune. Il me semble que ça faisait sérieux, une maman brune. Moins jeune. Moins amateur. Je ne pouvais plus la jouer petite fille, de toute façon. La place serait bientôt prise. Je n'avais plus de mère, j'allais avoir un enfant, un enfant qui m'appellerait maman. Maman ? Oui, c'est moi. Je suis là. Plus possible de minauder. Ni de me dérober. De quoi est-ce que j'aurais l'air ? Au fur et à mesure que mon ventre s'arrondit, que ma fille en moi grandit, c'est l'enfance en moi qui s'éloigne. Faut apprendre à être adulte, je le sais. Mais comment on fait pour ça, quel livre on lit, quel conseil on prend, quels cours, quel mode d'emploi ? Être brune, ça me semble un bon début, vraiment. Le reste viendra tout seul.
Après le coiffeur, on a dîné chez Jo et Marie, tarte aux framboises, bœuf aux carottes, on a rigolé avec des fausses moustaches dessinées au bouchon de liège brûlé, un voisin venu en incruste a cassé l'ambiance en se dessinant la moustache de Hitler. Tout le monde y est allé de son pronostic : le 12 décembre (lune décroissante) ; non, le 26 (lune ascendante) ; non, après terme, comme tous les premiers bébés. Et puis, en fin de soirée, Pablo m'a dit à l'oreille les gens sont trop cons, je vais au Baron."

Critique : La suite de Rien de grave, de Justine Lévy, qui décrit si bien sa vie. Car oui, elle y raconte sa vie dans ce court roman, son rôle de mère, son rôle de fille, de mauvais rôles tous les deux. Et j'ai du mal à croire que l'auteur raconte sa propre expérience face à cette mère qui est perdue, qui n'est encore dans sa tête qu'une petite fille. "Une petite fille ne peut pas être enceinte". Ces mots, une phrase de sa mère. L'histoire d'une femme qui est perdue entre sa mère et sa fille, entre elle même qui doit grandir pour affronter l'être qui va naître, l'être qui prend toute sa place dans son énorme ventre et qu'elle n'aime pas. L'histoire est dure parfois, avec cette mère, Alice, qui est a l'hôpital, atteinte d'un cancer. C'est glauque, ces descriptions de sa mère, chauve et anéanti par la maladie. Mais c'est vrai, bien vrai, et effrayant. Peut-être cette vie peut arriver à n'importe quelle femme en fait. Je ne sais pas, je ne suis pas encore passé par là pour le moment. Je ne suis qu'au stade, "adolescence", bip, bip. Ce foutu stade.
L'histoire est dure encore, et triste pour la haine que Louise (dans le livre) à pour sa fille qui n'est pas encore née. Une femme qui n'est encore qu'au stade "petite fille", et ne se rend pas compte de l'évènement qui l'attend (son enfant qui va naître donc). On a pitié de cette femme touchante et incomprise, énervante et incompréhensive, petite fille.
Et il y a toujours cette écriture qui comble le roman, belle, rapide, mélodieuse, qui ne prend pas son temps, non, mais qui parle avec un ton, avec des sonorités, des virgules qui bougent sans cesse avec cette histoire qui marie si bien l'écriture. Vraiment, Justine Lévy et merveilleuse.

1 commentaire:

Mangolila a dit…

J'ai beaucoup aimé aussi! Bravo pour ce blog avec lequel je fais connaissance aujourd'hui à l'occasion de ma seconde lecture de Gayle Forman. Je suis désolée mais j'ai manqué votre commentaire sur "Si je reste" de cet auteur. Je n'avais pas encore activé le widget "Comments" qui est pourtant bien utile!