Voici une interview de l'auteur de Dis oui, Ninon, trouvé sur le site Lily et ses livres :
Qu’est-ce qui t’a inspiré l’histoire de Ninon ? (ou comment cette histoire s’est-elle imposée à toi ?)
L’histoire s’est en effet imposée à moi. J’étais en voiture, je n’avais pas prévu d’écrire dans les temps à venir, et une image m’est venue, un souvenir d’enfance : Le matelas à rayures posé sur le toit d’une quatre ailes, et le désespoir de mon père ce jour-là. De là, d’autres souvenirs ont surgi et l’histoire de Ninon (qui ne s’appelait pas encore Ninon) et surtout le choix qu’elle allait faire, celui de vivre avec son père, s’est construite. Les mots, son ton se sont imposés, elle a commencé à parler dans ma tête.
Tu le sais donc, Ninon est inspirée de mon enfance mais je n’ai pas voulu l’écrire comme de l’autofiction, je ne voulais pas fermer l’histoire autour de la mienne, j’aime que le lecteur puisse oublier l’auteur.
Est-ce que quand tu écris tu as déjà le plan du roman à venir en tête ou est-ce que l’histoire te vient au fur et à mesure ?
Pour Dis oui, Ninon, j’ai écrit des thèmes, des mots-souvenirs en vrac.
Je viens de retrouver un de mes plans !
Le voici : Tu as le titre provisoire, j’avais pensé aussi à : « Des idées plus grandes que le monde ».
Au début du plan, il y a les idées des prochains chapitres.
Puis les idées en vrac, puis le déroulement. Plusieurs idées ont été éliminées, j’ai dû beaucoup resserrer. (*)
Devant la page blanche, est-ce que tu ratures, corriges, reviens en arrière, biffes des phrases entières, ou est-ce que tu peux écrire de longs paragraphes d’un seul mouvement ?
J’écris sur l’ordinateur, d’abord le matin mes 2 ou 3 chapitres puis je fais une pause et en début d’après-midi je corrige brièvement. Après ça, parfois j’écris un autre chapitre. Après cette petite correction, je m’interdis de relire ! J’écris d’un mouvement en général, je tape comme une folle avec mon index gauche et ne relève plus la tête, parfois mon cœur s’emballe, suit mon doigt, je n’ai plus aucune notion du temps, je réfléchis peu, je laisse faire. Mais je m’interdis de dépasser 12 feuillets par jour, car je perds l’intensité du récit et mon mental se fatigue trop.
Est-ce que tu as beaucoup travaillé pour trouver le ton juste pour Ninon, ou est-ce qu’il t’a semblé « évident », comme coulant de source ?
Il m’a paru évident, c’est lui qui m’a porté tout du long. Si ce ton n’avait pas été là, je n’aurais pas écrit ce livre.
Ninon est une petite fille très poète (une poète « artisanale ») très sensible aux mots et à leur sonorité, très musicienne aussi, est-ce que d’un point de vue littéraire (l’amour des mots), tu te sens proche d’elle ?
Oui, je suis sensible aux mots. Ma mère l’était aussi, elle me récitait souvent les poèmes de Prévert, mes parents sont des raconteurs et quand ils parlent, c’est beau, je suis d’ailleurs très gênée car j’ai toujours envie de pleurer quand ils se racontent. Quand j’étais enfant, je restais des heures à les écouter le soir près du feu de bois (c’est mieux que la télé, non ?!). Ma mère a retrouvé des textes de mon enfance qui parlaient d’amour et de rupture.
Je suis aussi sensible au son des mots, j’aime qu’une phrase « sonne », je lis à voix haute souvent.
Est-ce que tu crois que le fait d’être musicienne influence ton écriture ?
Peut-être ! Mais je n’y pense pas.
Est-ce que quand tu finis un livre, tu as du mal à quitter tes personnages, est-ce qu’ils te manquent ?
Juste avant de terminer Dis oui, Ninon, j’ai fait une pause de 2 jours et j’ai cru que je ne pourrais pas le terminer. J’avais mal de le laisser, d’abandonner Ninon et ce bout de mon enfance, j’étais vide. Le jour où je m’y suis remis, j’ai cru ne jamais y arriver. Et puis c’est venu. Et je suis restée sur ma dernière page, j’étais dans un café et je pleurais à chaudes larmes en essayant de me cacher. C’était terrible. Alors je me suis levée et le soir, avant de m’endormir, j’ai dis à mon chéri : Si on rentrait en France ? (On était au Maroc, on devait rester 10 jours de plus). Il m’a répondu : C’est à cause de Ninon ?
On a décidé d’attendre le lendemain pour se décider mais à 5 heures du matin, je lui ai demandé : Tu dors ? Il s’est tourné et ma dit : Tu veux rentrer ?
On a fait nos sacs à toute vitesse, on a réveillé notre petit garçon, laissé un mot aux propriétaires et on a roulé sans s’arrêter, comme si j’allais accoucher. J’accouchais d’un livre, avec la même urgence, mais un peu moins de douleur…
En arrivant, je n’ai pas posté le manuscrit de suite, je voulais le corriger un peu, mais en le relisant, j’ai beaucoup douté, toute l’émotion s’était envolée, alors j’ai décidé de l’envoyer tel quel.
Et n’est-ce pas pour cela que tu écris aussitôt dans la foulée, pour masquer un sentiment de perte ?
Les premières fois, c’était surtout pour ne pas attendre les réponses que je savais négatives. Une façon de prendre du recul avec ce que je venais de faire. Après Ninon, j’ai perdu l’inspiration. J’avais peur de ne pas retrouver la joie d’écrire, l’innocence, l’euphorie devant la page noircie.
Est-ce que tu as été étonnée de certaines réactions et ou interprétations qu’ont pu faire les lecteurs de ton roman ?
Oui !!!
Une maman célibataire a fait une analyse très fine de la façon dont Zélie s’éloigne des hommes (je n’y avais pas pensé !), une autre m’a beaucoup parlé de Marlène (un personnage secondaire), un homme m’a raconté sa vie, son divorce, les similitudes étaient extraordinaires, une personne âgée m’a raconté un pan de son enfance dont elle n’avait jamais parlé à personne, ma mère m’a écrit une lettre très belle, une lettre adressée à Ninon, signée « Zéline » (ma mère s’appelle Céline).
Finalement le personnage de Ninon ne t’appartient plus tout à fait… Est ce que c’est angoissant ou enrichissant ?
C’est joyeux et très enrichissant, vraiment. Ce qui est étrange parfois, c’est de parler de soi, de son enfance, jamais je n’en avais autant parlé ! Ma belle famille s’est beaucoup rapprochée de moi depuis qu’elle a lu ce livre, je ne suis plus « l’étrangère », « la fofolle », on se trouve des points communs.
Finalement, comme mes parents, je deviens moi aussi une raconteuse !
Par contre, quand j’ai signé, j’ai eu une énorme coup de blues, on venait de me retirer mon bébé. Depuis, je l’ai retrouvé.
Parlons lectures…
Quelles furent les lectures de ton enfance ?
Des contes chinois que ma mère nous lisait : Les frères lu. Et puis des livres pas du tout pour enfant que je chinais à ma mère : astrologie, psychologie, bouddhisme… Et tout Prévert ! Et aussi des vieux volumes de théâtre poussiéreux, faciles à lire (pas de longues descriptions !). Je me souviens aussi « Le vieil homme et la mer » que ma mère m’avait lu à haute voix, j’avais trouvé l’histoire belle et triste. Plus tard : « Les cornichons au chocolat »… On avait très peu d’argent, je lisais ce que je trouvais et on allait parfois à la bibliothèque.
Et à présent ?
Ma maison d’édition me donne des livres, j’en profite ! Je découvre Nina Boraoui, Cypora Petitjean Cerf… Je lis généralement des textes simples, je ne suis pas très cultivée et n’ai lu quasiment aucun classique (j’ai un bac littéraire, honte à moi !) Je lis en vrac, sans idées préconçues, plutôt des romans français en poche…
Pourquoi avoir choisi d’envoyer ton manuscrit à Stock précisément ?
Parce que j’avais remarqué des premiers romans chez eux, j’avais aussi lu des nouvelles « Les 10 ans de la bleue » où chaque auteur parlait de Jean-Marc Roberts le directeur comme de quelqu’un de très humain, sensible à ses auteurs, à l’écoute (ce que je confirme !).
A présent que le Salon du livre et déjà pas mal de séances de dédicaces sont déjà derrière toi, qu’en retiens-tu au final ?
Pour le moment, beaucoup me découvrent par hasard. J’aime être là sur leur chemin sans qu’ils s’y attendent.
Quel souvenir le plus beau en gardes-tu ? Le plus étrange ?
Une femme est venue vers moi l’autre jour, elle poussait de petits cris étranges et faisait de grands gestes, puis elle a sorti son carnet et y a écrit : Ma petite sœur s’apelle Ninon ! Elle m’a tendu un livre en continuant de s’exclamer étrangement. C’était très fort de dédicacer un livre et de le tendre à quelqu’un qui n’avait pas usage des mots. C’est mon souvenir le plus beau et le plus étrange.
J’ai lu dans l’interview que tu accordes à La culture se partage que ton deuxième roman « D’où je suis, je vois la lune » paraîtra chez Stock également en janvier 2010. Formidable ! Est-ce que tu peux nous en dire juste deux mots ?
C’est mon nouveau bébé. Il s’est fait désirer. J’avais très peur de ne pas l’aimer autant, de ne pas trouver le même plaisir à le créer. Un deuxième… J’ai souffert avant qu’il ne vienne, j’ai tenté des choses, je voulais absolument écrire à nouveau, reprendre pieds parmi les mots, mais difficile de ne pas être dans la comparaison ou la nostalgie de Ninon.
Mais voilà, un matin, c’est venu. Comme ça, j’ai écrit une phrase, et je suis restée en apnée toute la matinée sans relever la tête, la magie opérait de nouveau. J’ai quand même beaucoup douté par la suite.
« D’où je suis, je vois la lune », est l’histoire d’une jeune sans abris qui décide d’écrire un roman. J’y parle de la force des mots, la puissance de l’imaginaire et de la création quand il ne reste plus que les mots pour se refaire un monde.
Un extrait en exclusivité ?
Les éducs, ils ont des phrases toutes faites et dedans y'a toujours les mêmes mots qui reviennent : insertion, inscription, projet, sociabilisation, avenir… et y'en a un qui revient tout le temps à toutes les sauces, c'est « professionnel », et que je t’en mette un ici et un petit par là, même les vacances, elles sont professionnelles, faut jeter un œil partout pour voir si y’a pas une annonce de taf affichée sur une vitrine, même les copains, ils sont professionnels, au cas où ils connaissent quelqu’un qui connaîtrait pas un patron. Tout ça, c’est des mots qui veulent rien dire à nous autres du fait que le passé nous a appris que l'avenir n'existe pas. Les éducs parlent doucement en s'arrêtant sur les mots importants, ils ont l'air de croire en eux plus qu'en nous, ils croient que grâce à eux, on va s'en sortir, je dis : Se sortir de quoi ? Je suis jamais entrée dans rien ! Les éducs, ils te disent: Regarde moi dans les yeux quand je te parle, et après ils continuent de parler tout seul. J'en ai matés plus d'un en foyer, crois-moi, je leur ai filé du fil, ils l’ont tellement tordu qu'à la fin il a pété net. Je ne fais pas partie des bonnes statistiques.
Qu’est ce que ton blog ( Maud et les mots ) t’apporte à toi en tant qu’écrivain ?
Grâce au blog, j’ai des retours de lecteurs, c’est énorme. C’est aussi un exercice d’écriture assez difficile je trouve, je me sens un peu mise à nue. Je voudrais être sincère et vraie, et ce n’est pas si évident. On ne sait pas qui vient lire, comment les mots vont être perçus, s’ils ne vont pas desservir mon roman… J’aime beaucoup cet exercice mais je dois veiller à ne pas y passer trop de temps, il pourrait tant me combler qu’écrire un roman ne deviendrait plus une nécessité…
Qu’est-ce qui t’a inspiré l’histoire de Ninon ? (ou comment cette histoire s’est-elle imposée à toi ?)
L’histoire s’est en effet imposée à moi. J’étais en voiture, je n’avais pas prévu d’écrire dans les temps à venir, et une image m’est venue, un souvenir d’enfance : Le matelas à rayures posé sur le toit d’une quatre ailes, et le désespoir de mon père ce jour-là. De là, d’autres souvenirs ont surgi et l’histoire de Ninon (qui ne s’appelait pas encore Ninon) et surtout le choix qu’elle allait faire, celui de vivre avec son père, s’est construite. Les mots, son ton se sont imposés, elle a commencé à parler dans ma tête.
Tu le sais donc, Ninon est inspirée de mon enfance mais je n’ai pas voulu l’écrire comme de l’autofiction, je ne voulais pas fermer l’histoire autour de la mienne, j’aime que le lecteur puisse oublier l’auteur.
Est-ce que quand tu écris tu as déjà le plan du roman à venir en tête ou est-ce que l’histoire te vient au fur et à mesure ?
Pour Dis oui, Ninon, j’ai écrit des thèmes, des mots-souvenirs en vrac.
Je viens de retrouver un de mes plans !
Le voici : Tu as le titre provisoire, j’avais pensé aussi à : « Des idées plus grandes que le monde ».
Au début du plan, il y a les idées des prochains chapitres.
Puis les idées en vrac, puis le déroulement. Plusieurs idées ont été éliminées, j’ai dû beaucoup resserrer. (*)
Devant la page blanche, est-ce que tu ratures, corriges, reviens en arrière, biffes des phrases entières, ou est-ce que tu peux écrire de longs paragraphes d’un seul mouvement ?
J’écris sur l’ordinateur, d’abord le matin mes 2 ou 3 chapitres puis je fais une pause et en début d’après-midi je corrige brièvement. Après ça, parfois j’écris un autre chapitre. Après cette petite correction, je m’interdis de relire ! J’écris d’un mouvement en général, je tape comme une folle avec mon index gauche et ne relève plus la tête, parfois mon cœur s’emballe, suit mon doigt, je n’ai plus aucune notion du temps, je réfléchis peu, je laisse faire. Mais je m’interdis de dépasser 12 feuillets par jour, car je perds l’intensité du récit et mon mental se fatigue trop.
Est-ce que tu as beaucoup travaillé pour trouver le ton juste pour Ninon, ou est-ce qu’il t’a semblé « évident », comme coulant de source ?
Il m’a paru évident, c’est lui qui m’a porté tout du long. Si ce ton n’avait pas été là, je n’aurais pas écrit ce livre.
Ninon est une petite fille très poète (une poète « artisanale ») très sensible aux mots et à leur sonorité, très musicienne aussi, est-ce que d’un point de vue littéraire (l’amour des mots), tu te sens proche d’elle ?
Oui, je suis sensible aux mots. Ma mère l’était aussi, elle me récitait souvent les poèmes de Prévert, mes parents sont des raconteurs et quand ils parlent, c’est beau, je suis d’ailleurs très gênée car j’ai toujours envie de pleurer quand ils se racontent. Quand j’étais enfant, je restais des heures à les écouter le soir près du feu de bois (c’est mieux que la télé, non ?!). Ma mère a retrouvé des textes de mon enfance qui parlaient d’amour et de rupture.
Je suis aussi sensible au son des mots, j’aime qu’une phrase « sonne », je lis à voix haute souvent.
Est-ce que tu crois que le fait d’être musicienne influence ton écriture ?
Peut-être ! Mais je n’y pense pas.
Est-ce que quand tu finis un livre, tu as du mal à quitter tes personnages, est-ce qu’ils te manquent ?
Juste avant de terminer Dis oui, Ninon, j’ai fait une pause de 2 jours et j’ai cru que je ne pourrais pas le terminer. J’avais mal de le laisser, d’abandonner Ninon et ce bout de mon enfance, j’étais vide. Le jour où je m’y suis remis, j’ai cru ne jamais y arriver. Et puis c’est venu. Et je suis restée sur ma dernière page, j’étais dans un café et je pleurais à chaudes larmes en essayant de me cacher. C’était terrible. Alors je me suis levée et le soir, avant de m’endormir, j’ai dis à mon chéri : Si on rentrait en France ? (On était au Maroc, on devait rester 10 jours de plus). Il m’a répondu : C’est à cause de Ninon ?
On a décidé d’attendre le lendemain pour se décider mais à 5 heures du matin, je lui ai demandé : Tu dors ? Il s’est tourné et ma dit : Tu veux rentrer ?
On a fait nos sacs à toute vitesse, on a réveillé notre petit garçon, laissé un mot aux propriétaires et on a roulé sans s’arrêter, comme si j’allais accoucher. J’accouchais d’un livre, avec la même urgence, mais un peu moins de douleur…
En arrivant, je n’ai pas posté le manuscrit de suite, je voulais le corriger un peu, mais en le relisant, j’ai beaucoup douté, toute l’émotion s’était envolée, alors j’ai décidé de l’envoyer tel quel.
Et n’est-ce pas pour cela que tu écris aussitôt dans la foulée, pour masquer un sentiment de perte ?
Les premières fois, c’était surtout pour ne pas attendre les réponses que je savais négatives. Une façon de prendre du recul avec ce que je venais de faire. Après Ninon, j’ai perdu l’inspiration. J’avais peur de ne pas retrouver la joie d’écrire, l’innocence, l’euphorie devant la page noircie.
Est-ce que tu as été étonnée de certaines réactions et ou interprétations qu’ont pu faire les lecteurs de ton roman ?
Oui !!!
Une maman célibataire a fait une analyse très fine de la façon dont Zélie s’éloigne des hommes (je n’y avais pas pensé !), une autre m’a beaucoup parlé de Marlène (un personnage secondaire), un homme m’a raconté sa vie, son divorce, les similitudes étaient extraordinaires, une personne âgée m’a raconté un pan de son enfance dont elle n’avait jamais parlé à personne, ma mère m’a écrit une lettre très belle, une lettre adressée à Ninon, signée « Zéline » (ma mère s’appelle Céline).
Finalement le personnage de Ninon ne t’appartient plus tout à fait… Est ce que c’est angoissant ou enrichissant ?
C’est joyeux et très enrichissant, vraiment. Ce qui est étrange parfois, c’est de parler de soi, de son enfance, jamais je n’en avais autant parlé ! Ma belle famille s’est beaucoup rapprochée de moi depuis qu’elle a lu ce livre, je ne suis plus « l’étrangère », « la fofolle », on se trouve des points communs.
Finalement, comme mes parents, je deviens moi aussi une raconteuse !
Par contre, quand j’ai signé, j’ai eu une énorme coup de blues, on venait de me retirer mon bébé. Depuis, je l’ai retrouvé.
Parlons lectures…
Quelles furent les lectures de ton enfance ?
Des contes chinois que ma mère nous lisait : Les frères lu. Et puis des livres pas du tout pour enfant que je chinais à ma mère : astrologie, psychologie, bouddhisme… Et tout Prévert ! Et aussi des vieux volumes de théâtre poussiéreux, faciles à lire (pas de longues descriptions !). Je me souviens aussi « Le vieil homme et la mer » que ma mère m’avait lu à haute voix, j’avais trouvé l’histoire belle et triste. Plus tard : « Les cornichons au chocolat »… On avait très peu d’argent, je lisais ce que je trouvais et on allait parfois à la bibliothèque.
Et à présent ?
Ma maison d’édition me donne des livres, j’en profite ! Je découvre Nina Boraoui, Cypora Petitjean Cerf… Je lis généralement des textes simples, je ne suis pas très cultivée et n’ai lu quasiment aucun classique (j’ai un bac littéraire, honte à moi !) Je lis en vrac, sans idées préconçues, plutôt des romans français en poche…
Pourquoi avoir choisi d’envoyer ton manuscrit à Stock précisément ?
Parce que j’avais remarqué des premiers romans chez eux, j’avais aussi lu des nouvelles « Les 10 ans de la bleue » où chaque auteur parlait de Jean-Marc Roberts le directeur comme de quelqu’un de très humain, sensible à ses auteurs, à l’écoute (ce que je confirme !).
A présent que le Salon du livre et déjà pas mal de séances de dédicaces sont déjà derrière toi, qu’en retiens-tu au final ?
Pour le moment, beaucoup me découvrent par hasard. J’aime être là sur leur chemin sans qu’ils s’y attendent.
Quel souvenir le plus beau en gardes-tu ? Le plus étrange ?
Une femme est venue vers moi l’autre jour, elle poussait de petits cris étranges et faisait de grands gestes, puis elle a sorti son carnet et y a écrit : Ma petite sœur s’apelle Ninon ! Elle m’a tendu un livre en continuant de s’exclamer étrangement. C’était très fort de dédicacer un livre et de le tendre à quelqu’un qui n’avait pas usage des mots. C’est mon souvenir le plus beau et le plus étrange.
J’ai lu dans l’interview que tu accordes à La culture se partage que ton deuxième roman « D’où je suis, je vois la lune » paraîtra chez Stock également en janvier 2010. Formidable ! Est-ce que tu peux nous en dire juste deux mots ?
C’est mon nouveau bébé. Il s’est fait désirer. J’avais très peur de ne pas l’aimer autant, de ne pas trouver le même plaisir à le créer. Un deuxième… J’ai souffert avant qu’il ne vienne, j’ai tenté des choses, je voulais absolument écrire à nouveau, reprendre pieds parmi les mots, mais difficile de ne pas être dans la comparaison ou la nostalgie de Ninon.
Mais voilà, un matin, c’est venu. Comme ça, j’ai écrit une phrase, et je suis restée en apnée toute la matinée sans relever la tête, la magie opérait de nouveau. J’ai quand même beaucoup douté par la suite.
« D’où je suis, je vois la lune », est l’histoire d’une jeune sans abris qui décide d’écrire un roman. J’y parle de la force des mots, la puissance de l’imaginaire et de la création quand il ne reste plus que les mots pour se refaire un monde.
Un extrait en exclusivité ?
Les éducs, ils ont des phrases toutes faites et dedans y'a toujours les mêmes mots qui reviennent : insertion, inscription, projet, sociabilisation, avenir… et y'en a un qui revient tout le temps à toutes les sauces, c'est « professionnel », et que je t’en mette un ici et un petit par là, même les vacances, elles sont professionnelles, faut jeter un œil partout pour voir si y’a pas une annonce de taf affichée sur une vitrine, même les copains, ils sont professionnels, au cas où ils connaissent quelqu’un qui connaîtrait pas un patron. Tout ça, c’est des mots qui veulent rien dire à nous autres du fait que le passé nous a appris que l'avenir n'existe pas. Les éducs parlent doucement en s'arrêtant sur les mots importants, ils ont l'air de croire en eux plus qu'en nous, ils croient que grâce à eux, on va s'en sortir, je dis : Se sortir de quoi ? Je suis jamais entrée dans rien ! Les éducs, ils te disent: Regarde moi dans les yeux quand je te parle, et après ils continuent de parler tout seul. J'en ai matés plus d'un en foyer, crois-moi, je leur ai filé du fil, ils l’ont tellement tordu qu'à la fin il a pété net. Je ne fais pas partie des bonnes statistiques.
Qu’est ce que ton blog ( Maud et les mots ) t’apporte à toi en tant qu’écrivain ?
Grâce au blog, j’ai des retours de lecteurs, c’est énorme. C’est aussi un exercice d’écriture assez difficile je trouve, je me sens un peu mise à nue. Je voudrais être sincère et vraie, et ce n’est pas si évident. On ne sait pas qui vient lire, comment les mots vont être perçus, s’ils ne vont pas desservir mon roman… J’aime beaucoup cet exercice mais je dois veiller à ne pas y passer trop de temps, il pourrait tant me combler qu’écrire un roman ne deviendrait plus une nécessité…
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