vendredi 8 octobre 2010

Ça t'apprendra à vivre


Titre : Ça t'apprendra à vivre
Auteur : Jeanne Bénameur
Genre : Histoire de vie, littérature adolescente, autobiographique
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : 1958. Une petite fille raconte. Elle est arrachée au pays où elle est née, l'Algérie. Exilée avec sa famille en métropole, dans une ville de la façade atlantique, elle découvre qu'ils ne sont que des à moitié, des demi. Quand seront-ils entiers ?

(résumé repris du livre)

Extrait :

Tu fais de la musique quand le vent te souffle dessus. C'est toujours un drôle de vent, et ta musique, elle est triste, toujours.

Je t'apporte tout ce que tu veux, tout ce que tu dis vouloir : les bonnes notes à l'école, la bonne tenue, les cheveux bien coiffés avec la ruban, la jolie robe. Je t'apporte tout. Je suis une bonne petite fille. C'est pour toi.

Mais mon corps en vrai, tu t'en fous.

S'il y a des nœuds dans mes cheveux quand ma mère tire dessus : "Tais-toi ! Les nœuds, c'est qu'on a été méchante !"

Si je n'ai pas changé de culotte quand il aurait fallu, si je me brosse les dents ou pas, tu t'en fous.

Toi, tu me veux juste à regarder.
Alors, va-y ! Regarde-moi ! Je suis là, devant toi. Je suis ton remède, ta potion. Regarde-moi ! Je suis là pour ça, moi. Je suis la petite, la chérie, la dernière. Je suis ce que tu veux, ce que tu dis vouloir.

Mais ça ne suffit pas.

Triste, quand même.

Alors quoi ? Qu'est-ce que je peux faire, moi ? Je ne sais plus. J'essaie d'être parfaite. Je fais tout bien et surtout pas de bruit.

Alors quoi ?

Ça ne suffit pas.

Je ne suffis pas.

Tu me regardes, tu glisses, tes yeux s'en vont plus loin, dans le vide. Ton regard perd sa couleur, comme celui des poissons, avec la taie blanchâtre, quand maman les éventre sur la grande planche de bois.

Tu t'absentes.

Tu tapotes sur la table un rythme avec les doigts. Tu chantonnes un air plaintif. Tu chantes dans ta langue. Une langue que tu ne nous as pas apprise. Barricadé, c'est dégueulasse. Moi, je suis petite et tu ne m'apprends pas.

Qu'est-ce que je peux faire devant une si grande porte ?


Tu m'oublies.

Mais je reste devant toi, planté. Je reste.

J'entends des murmures à l'intérieur de toi. Il y a des vieilles femmes qui pleurent. Chut ! Il y a une petite fille qui est morte. Elle avait deux ou trois ans on ne sait pas bien, c'est vague, l'âge des morts, à force. Et elle est morte on ne sait pas trop de quoi, ta petite sœur. Toi tu étais dans la maison et tu n'as rien pu faire, tu étais trop petit.

Tu as attendu tout seul que ta mère rentre.

Il y a les cris de la mère, il y a les pleurs, il y a toi.

Je t'entends.


Peut-être tu as chanté dans ta tête, une chanson pour toi tout seul en attendant que ta mère rentre, qu'elle découvre. Peut-être.

J'entends des murmures, des plaintes quand je suis près de toi et que tu ne me voies plus. Je ne sais pas ce que c'est. Tu es absent. Tu es resté ailleurs. Tu ne veux pas de nous ?

Tu m'as donné le nom de ta petite sœur morte et tu aimes bien m'appeler mais tu ne me regardes plus et je me tue à te faire exister."


Critique : Vraiment un très beau livre avec une très belle écriture remplie de poésie, de nostalgie, d'innocence et de légèreté, de finesse. Une écriture touchante, sensible avec une histoire tout aussi belle et sensible et poétique.

J'ai adoré la mise en page, simple et très belle, allant avec l'histoire, allant avec l'écriture.

Une fillette raconte, et c'est beau, très beau, ses anecdotes sur sa famille, sur l'école et sur sa vie, une vie étrange, différente, mais vrai, très vrai, car c'est autobiographique.

Ce livre est court, court comme le temps qui passe, trop court. Si court qu'on se dit "mais la suite, elle est où ?" Il se lit rapidement, en moins de deux, c'est dommage.

Mais un très beau livre avec une très belle couverture qui va avec. A lire !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je te donne l'adresse de mon nouveau blog (cinéma et autre).
À bientôt.
Alma =)


http://thecrazymintmonkey.blogspot.com