vendredi 3 août 2012

(film) De rouille et d'os



De rouille et d'os

Réalisé par Jacques Audiard
Avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Armand Verdure

Date de sortie cinéma : 17 mai 2012
Genre : Drame
Durée : 1h55 

Synopsis : Ça commence dans le Nord.
Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau.
A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone.
Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions.
Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre. 

(Sources : AlloCiné

Critique : Un beau film. Un film bouleversant jusqu'à la fin, où l'on se sent mal parfois, où l'on a envie de pleurer, où les larmes ne viennent pas et puis finalement viennent, de mal-aise, où de tristesse, car ce film est triste, beau, deux synonymes qui vont souvent ensemble. Marion Cotillard est fantastique, comme toujours d'ailleurs, et le mec est scotchant, et le mec à un personnage creusé dans le fond des tripes, superbe personnage le mec, j'adore. Un film au sujet que l'on essaye de cacher parfois, et là il ressort tel un coup de tonnerre, il ressort pour montrer les affreux moignons de Marion Cotillard, ça fait un choc la première fois, ça fait toujours un choc ensuite, on ne s'habitue pas, c'est pour cela que ce film est cruel, dur, cru en un sens, c'est pour cela qu'on se sent mal et qu'on a envie de pleurer, sans s'arrêter de penser que ce film est bien, que Marion Cotillard joue extraordinairement bien quand elle rentre dans une sorte de déprime, de mal-être après être sortie de l'hôpital, et le mec vient, et ce merveilleux mec bourru et plein de testostérones, attachants comme la vie, qui ne sait pas s'occuper de son fils, qui ne sait pas s'occuper de sa vie, qui est perdu, et ne sait pas faire avec l'amour alors il baise, il baise tout ce qui bouge et après c'est lui, c'est sa personne, ça ne regarde que lui. J'ai aimé cette scène où Marion Cotillard ne sait pas quoi penser, ne sait pas comment réagir après qu'il lui ai dit d'un coup sec, comme ça "On baise ?". Elle ne sait pas comment réagir la Marion, ce n'est pas son style, ce n'est pas ça manière, alors elle rigole, elle fini par accepter, la suite, il faut voir le film, la suite vous l'aurez en regardant De rouille et d'os, ce magnifique film de Jacques Audiard, alors à vos portes-monnaie, à vos jambes, courez y voir De rouille et d'os.

Interruption inégale

Voilà. Je permet d'interrompre ce tapage pour vous faire part d'un blog tout à fait génial qui est le mien :

Quelques mots pleins d'ombre
http://leblogderosedray.blogspot.com

lundi 9 avril 2012

(film) Titanic en 3D et... au Grand Rex !


Réalisé par James Cameron
Avec Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Billy Zane

Date de sortie : 7 janvier 1998
Date de reprise en 3D : 4 avril 2012
Genre : drame, romance
Durée : 3h14

Synopsis : Southampton, 10 avril 1912. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé pour son insubmersibilité, le "Titanic", appareille pour son premier voyage. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg. A son bord, un artiste pauvre et une grande bourgeoise tombent amoureux.

(Sources : AlloCiné)


Critique : Je n'arrive plus à écrire de critiques stables. C'est dépitant. Sachez tout d'abord que j'ai vu Titanic en 3D au Grand Rex à Paris sur écran géant. Faut le faire quand même. Et je l'ai fait. Et c'est extraordinaire, même avec la 3D qui n'ai pas tellement ma tasse de thé. Je n'ai pas été déçue. Pas du tout même.
Faut dire que le Grand Rex, c'est quand même quelque chose, étant auparavant une totale néophyte de l'existence d'un tel cinéma.
La salle est grande, immense même. Assise sur mon petit fauteuil rouge de cinéma, il y avait derrière moi des enfilades de sièges rouges à n'en plus finir. Devant moi la même chose, descendant en contrebas pour ne faire plus que du vide. De chaque côtés, des petites tours façon maghrébines se tenaient là en tant que décor. Devant moi, un écran affichant de la pub et des bandes-annonces, bien petit pour la distance à laquelle j'étais. Désespoir. Un grand sourire s'est affiché sur ma petite face de gamine quand j'ai su que s'en allait être tout autrement. Et j'ai attendu. Nous avons mis nos lunettes 3D et après quelques publicités en reliefs l'écran géant est arrivé avec une musique de guerre, se déroulant tout doucement sous nos yeux ébahis. Des planètes en trois dimensions ont fait leur apparitions au fur et à mesure de la descente de l'écran géant, le ciel et l'univers s'éparpillant partout dans l’immense salle au plafond étoilé, comme ceux à la Harry Potter. Des morceaux de pierres venus tout droit s'écraser sur nos visages sont sortis de l'inscription LE GRAND LARGE, publicité pour l'écran géant se déroulant petit à petit devant nous. Grandiose.

Et le film a commencé. Et avec, l'émotion bien distincte qui apparait quand on sait qu'on va vivre quelque chose de spectaculaire. C'est vrai en un sens. J'ai été embarqué, comme les deux autres fois où j'ai vu Titanic, il y a bien longtemps, au temps de ma jeune enfance^^. J'ai été embarqué dans ce film somptueux comme le jour, oubliant même la 3D, et ça c'est chouette !
J'avais en effet un énorme apriori concernant la 3D. Je n'aime pas ce nouveau système tout moche, cela fait perdre de la qualité au film, esthétiquement parlant. Cela fait mal aux yeux pour la petite vieille que je suis, les grosses lunettes sont encombrantes surtout si tu en as en dessous, des grosses et des encombrantes, presque les mêmes, des Ray Ban pour faire de la pub (donc, à cause de cela, tu as ensuite tes lunettes 3D qui te tombent sur le bout du nez faute de mieux, interrompant tous les quarts d'heures tes doigts tranquillement posés sur le dossier de ton siège). Et puis surtout, la troisième dimension c'est inutile. Cela possède une très grande inutilité qui ne procure rien de plus au film, si ce n'est pour enlever de sa qualité et de sa splendeur, surtout si celui-ci n'a pas été filmé pour la 3D, ceci étant le cas de Titanic qui n'a pas le nombre incalculables de premiers plans demeurant dans les films uniquement filmés pour cette optique.
Mais contrairement à tout cela, la 3D de Titanic était d'une parfaite qualité similaire à ce film là, Avatar, qui est d'ailleurs du même réalisateur que le film ici présent, et j'ai honte à le dire car Avatar, même si celui-ci est grandiose, ne dépasse évidement pas ce somptueux film qu'est Titanic.
La 3D de Titanic ne fait pas mal aux yeux en raison sans doute de sa qualité. Elle est inutile oui, surtout dans ce film, surtout quand on voit des formes floues en premier plan prendre du volume. C'est quoi ce bordel ? Mais quand la profondeur de l'eau, quoi qu'elle soit, de celle qui monte dans le bateau ou de l'eau de la mer, quand celle-ci prend de la profondeur, c'est une merveilleuse sensation qui surgit dans nos tripes et qui n'est malheureusement pas présente partout.
Je continue quand même à le dire, moi, j'aime pas la 3D. Pourquoi alors suis-je allé voir Titanic en 3D ? Pour la curiosité bien sûr. J'étais curieuse de voir à quoi pouvait bien ressembler Leonardo Dicaprio en relief. Et puis, revoir Titanic, sur grand écran en plus, ce n'est évidement pas de refus. J'avais raison. Tout à fait raison, car j'ai vécue là une magnifique séance.
Quel bonheur de se replonger dans ce film culte qui fait rêver ! Quel bonheur que de revoir le petit Leo tout jeune, et quel bonheur de voir Kate Winslet, belle comme un saphir (et je n'exagère pas). Quel bonheur de se laisser embarquer dans cette tornade catastrophique !
Titanic reste un film culte et ce n'est vraiment pas étonnant. C'est un film avec tellement d'émotions, de scènes grandioses et spectaculaires qui prennent au tripes, et qui fonctionnent démesurément bien sur un écran géant.
La 3D n'a peut-être servie à rien comme je l'ai dit plus haut, en tout cas tout était spectaculaire, du fait de l'écran géant je pense, ce n'est pas rien de voir le Titanic couler devant un écran qui dépasse celui de la taille d'un de cinéma normal.

jeudi 26 janvier 2012

La folle allure


Titre : La folle allure
Auteur : Christian Bobin
Genre : Histoire de vie
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos cœurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge.

(quatrième de couverture)

Extrait :

Ma mère est folle, je crois. Je souhaite à tous les enfants du monde d'avoir des mères folles, ce sont les meilleures mères, les mieux accordées aux cœurs fauves des enfants. Sa folie lui vient d'Italie, son premier pays. En Italie, ce qui est dedans, ils le mettent dehors. Leur linge à sécher et leur cœur à laver, ils mettent tout à la rue sur un fil entre deux fenêtres, et ils font l'inventaire plusieurs fois par jour, devant les voisins, dans un interminable opéra de cris et de rires. En apparence c'est gai - en apparence seulement. Les Italiens sont tristes, ils imitent trop la vie pour l'aimer réellement, ils sentent la mort et le théâtre : c'est mon père qui dit ça quand il veut mettre ma mère en rage. Le pays de mon père, j'ignore comment il s'appelle. Le pays de mon père c'est le silence. Mon père c'est tous les hommes quand ils rentrent le soir à la maison. Des taciturnes. Des sans-mot. Mon père est comme un loup : le feu qui coule dans ses veines remonte aux yeux, et rien pour les lèvres.

Ma mère est comme une chatte, comme un moineau, comme du lierre, comme du sel, comme la neige, comme le pollen des fleurs. L'écuyer est amoureux de ma mère. Le clown est amoureux de ma mère. Le dompteur est amoureux de ma mère. Ils sont tous amoureux de ma mère dans cette tribu et elle laisse faire, c'est la meilleure façon de retenir mon père auprès d'elle que ces incendies déclarés alentour. L'amour fait un cercle comme celui du cirque, tapissé de sciure, doux aux pieds nus, lumineux sous la toile rouge gonflée de vent. Le cercle est simple : plus vous êtes aimée et plus on vous aimera. Le truc c'est au départ, pour être aimée une première fois. Il faut surtout n'y pas penser, ne pas le rechercher, ne pas le vouloir. Être folle, se contenter d'être folle, de rire en pleurant, de pleurer en riant, les hommes finissent par venir, attirés par la clairière de folie, séduits par celle qui n'a même pas souci de plaire. Après c'est joué, vous tournez et dansez dans le cercle d'amour, un mari à vos bras pour ne pas perdre l'équilibre, un mari qui roule des yeux partout en silence.


Critique : C'est difficile d'écrire une critique sur un livre de Christian Bobin. Ses livres sont tellement fluides, beau, on ne peux pas en dire grand chose. Tout ce que je peux dire c'est que Christian Bobin est un dieu. Ses livres me touchent, son écriture est poétique, simple et légère, elle s'envole dans les airs comme une plume qui veut montrer au monde qu'elle existe. Ça se dévore comme un rien. Et c'est beau. La folle allure est l'histoire d'une petite fille qui vit dans un cirque. L'auteur y écrit à la première personne - ce qui est assez rare dans ses livres - l'existence d'une fillette qui contemple le monde de ses yeux d'enfant. Elle grandit aux fil des pages, de deux à vingt-sept ans, vivant sa vie de femme. Une simple rêveuse. C'est touchant et frais comme une pâquerette. Bref, c'est du Christian Bobin. Un auteur à découvrir impérativement, si ce n'est pas déjà fait !

A lire aussi sur ce blog, du même auteur => La femme à venir

lundi 23 janvier 2012

(film) J. Edgar


Réalisé par Clint Eastwood
Avec Leonardo DiCaprio, Naomi Watts, Armie Hammer

Date de sortie cinéma : 11 janvier 2012
Genre : Biopic, drame
Durée : 2h15

Synopsis : Le film explore la vie publique et privée de l’une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.

(Sources : AlloCiné)

Critique : J. Edgar m'a ennuyée. Le film plus que le mec d'ailleurs puisque Leonardo DiCaprio n’ennuie jamais, même dans ses pires films. J. Edgar m'a ennuyée car c'est un film avec beaucoup de blablas, un film au style sérieux qui parle beaucoup de politique, et moi, la politique, ça m'ennuie, désolé. Un film aux couleurs vraiment somptueuses et à l'image parfaite, dans une époque parfaite aussi (les années 50, j'adore !) avec ses très beaux costumes et ses chapeaux. Le début est pas mal, on se laisse embarquer par la vie de ce petit homme trapu (aux dires du film), mais le milieu s'écoule comme de l'ennuie. Dans mon fauteuil rouge de cinéma, je me suis aperçut que ma jambe me faisait terriblement mal. J'ai essayé de changer de position, de croiser les jambes, rien à faire. Je me suis demandé quand le film allait se finir, il était long, si long ! J'ai réussi à m'accrocher quand je me suis rendu compte que Leonardo et son bel acolyte aux sils de papillons entretenaient une relation ambigu à l'allure d'homosexualité. Et je me suis dit que chouette, il y avait enfin un peu de piquant dans un film sérieux comme celui-ci, et j'ai été surprise. Une heureuse surprise, moi qui aime tous les trucs pas très net et ambigus. La suite était parfaite, un peu lente aussi, et ennuyeuse. Mais au moins j'ai réussi un peu à m'accrocher.

Un film ennuyeux où l'unique accroche est la relation absolument ambigüe (on est dans les années 50) et très belle de Leo et son petit acolyte. C'est cela qui a sauvé le film !

PS : Le maquillage pour vieillissement de Leonardo DiCaprio ainsi que les autres personnages étaient extrêmement bien réussi, de plus qu'on reconnaissait les acteurs à travers leur vieillissement soudain.



dimanche 22 janvier 2012

Hymne


Titre : Hymne
Auteur : Lydie Salvayre
Genre : Roman biographique
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : Le matin du 18 août 1969, à Woodstock, Jimi Hendrix joua un hymne américain d’une puissance quasiment insoutenable.
Parce qu’il avait du sang noir et du sang cherokee mélangé de sang blanc, parce qu’il était donc toute l’Amérique, parce que la guerre au Vietnam soulevait en lui un violent mouvement de refus que toute une jeunesse partageait, parce que sa guitare était sa lady électrique, sa passion, sa maison, sa faim, sa force et qu’il en jouait avec génie, Jimi Hendrix fit de cette interprétation un événement.
Revenant sur ce moment inoubliable, Lydie Salvayre tire les fils de la biographie pour réécrire la légende de Jimi, sa beauté, sa démesure, mais aussi sa part sombre, ses failles et la brutalité du système dont il était captif et qui finirait un jour par le briser.

(Résumé repris du livre)

Extrait :

On dit qu'il ne s'aimait pas. Que sa timidité incurable venait de ce qu'il ne s'aimait pas
Qu'il n'avait aucune assurance aucune. Qu'il demandait souvent à ses proches Est-ce qu'on me prend pour un pitre ? Est-ce que je ne suis pas ridicule avec ce chapeau ?
On dit qu'il ne sortait de sa timidité que pour être, sur scène, l'audace même.
Il fut, le 18 août 1969, l'audace même.
Il fit ceci : il s'empara de l'Hymne et il le retourna.
Il eut ce front.
Il prit ce risque.

L'hymne entonné en prélude aux allocutions du président Nixon, l'hymne qui résonnait lors des célébrations de tueries héroïques, l'hymne intouchable, l'hymne immuable, l'hymne de la superpuissance blanche classée n° 1 au hit-parade des pays producteurs de bombes : au napalm, au phosphore, à la dioxine, au graphite, tritonales, à fragmentation, à guidage laser, à sous-munitions, il y en avait pour tous les goûts, l'hymne d'amour de la patrie, car amour et patrie sont deux mots qui parfaitement s'accolent (j'ai à l'esprit un autre verbe que je n'ose pas écrire), l'hymne des braves boys qui savaient opposer leur mâle résistance à la propagation communiste avec l'aide miséricordieuse de Dieu et suivant la méthode imparable du search and destroy encore appelée civilisatrice, cet hymne-là, il s'en saisit et il le renversa.
L'hymne sacré, symbolique, scrupuleusement respecté, l'hymne régimentaire qui avait envoyé son ami Larry Lee se faire trouer la peau dans les jungles du Vietnam, l'hymne qui accueillait en fanfare les GI morts au combat, lesquels arrivaient de Saigon en emballage capitonné, car sacrifier sa vie à la lutte contre le Mal méritait amplement un emballage capitonné, la patrie reconnaissante ne reculant devant aucun sacrifice, l'hymne sanglé de la tradition, l'hymne engoncé dans son uniforme, l'hymne bêlé à l'école, en cadence, un-deux, l'hymne vidé de sa substance et braillé sur les stades Oh dites-moi pouvez-vous voir dans les lueurs de l'aube ce que nous acclamions si fièrement au crépuscule, l'hymne qu'on chantait sans l'entendre, depuis le temps, l'hymne embaumé, l'hymne empoussiéré, l'hymne pétrifié de la nation, il l'empoigna, le secoua, et aussitôt en fit jaillir une liberté qui souleva l'esprit.

C'est de The Star Spangled Banner que je parle. C'est de ce morceau si légitimement fameux que Jimi Hendrix joua à Woodstock le 18 août 1969, à 9 heures, devant une foule qui n'avait pas dormi depuis trois jours, et que j'écoute des années après, dans ma chambre, avec le sentiment très vif que le temps presse et qu'il me faut aller désormais vers ce qui, entre tout, m'émeut et m'affermit, vers tout ce qui m'augmente, vers les œuvres admirées que je veux faire aimer et desquelles je suis, nous sommes, infiniment redevable.»

Critique : Hymne est un livre très particulier. Salvayre part d'un évènement qui la touche profondément pour écrire ce que l'on pourrait appeler une biographie, mais qui ne veut pas être un documentaire savant, elle le dit elle-même, ce qui fait que le roman est assez inqualifiable. Le style même est d'abord un peu surprenant (mais pas plus que du François Bon par exemple), mais très sincère, contrairement à certains auteurs contemporains qui pensent qu'il suffit d'un style bizarre pour avoir l'air original.

J'avoue ne pas être une grande fan de Hendrix. Je n'ai jamais trouvé de force particulière à ses chansons comme à ses prestations, pour moi, il ne s'agit de rien de plus que du bon rock, un peu trop teinté de soul mais riche de ses racines blues. Or, ce que j'ai aimé, justement, c'est que, même s'il ne fait aucun doute de Lydie Salvayre est une fan et écrit en tant que fan, malgré le point de vue subjectif, on n'est pas obligés d'aimer particulièrement Jimi pour apprécier, ni de savoir ce qu'il se passa à Woodstock en cet été 69.
La seule chose que je reproche à Lydie Salvayre, qui vient peut-être du côté fan-en-admiration, ce sont les répétitions d'idées (pas les répétitions, volontaires, de phrases ou d'expressions). Arrive un moment où l'on commence, par exemple, à savoir que l'Hymne torturé est bien plus vrai que celui qu'on joue dans les cérémonies officielles.

Mais l'écriture est forte, directe, fougueuse — comme la musique de Jimi — et on entre facilement dans le roman. On accroche au personnage Hendrix autant qu'à sa force créatrice qu'il révèle toute entière, selon l'auteur, à travers l'hymne américain distordu tel un cri de liberté, tel l'expression de toutes ses racines et de toutes les racines de l'Amérique, à cette époque en pleine guerre du Vietnam.Un livre flamboyant et très fort, que je ne peux que vous recommander.

(film) Intouchables

Réalisé par Eric Toledao et Olivier Nakache
Avec François Cluzet, Omar Sy

Date de sortie : 2 novembre 2011
Genre : Comédie
Durée : 1h52

Synopsis : A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison… Bref, la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survêtement… Deux univers vont se téléscoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… Intouchables. (AlloCiné)


Critique : Intouchables est un film assez difficile à critiquer ; deux mois environ après être allée le voir, je suis quelque peu revenue sur mon idée de départ.
Ma première réaction a été de trouver ça génial, parce que je ne me souviens pas avoir déjà ri autant au cinéma. Cela me paraissait assez bien vu et les acteurs étaient très bons. Je me suis indignée contre les gens qui n'allaient pas le voir par principe (parce qu'il qu'ils se distinguent des autres, ils ne font jamais comme le peuple, vous comprenez).
Mais j'ai réfléchi dessus, ayant lu de nombreuses critiques, soit très positives, soit très négatives. Au début, ces dernières m'ont paru être le fruit d'une attitude, d'une pose contre la culture populaire (comme celle de Gérard Lefort, qu'encore maintenant je trouve de toute façon très peu constructive, pleine de contradictions et de son habituel mépris pour tout ce qu'il peut y avoir d'émotionnel).

Mais finalement, je me rends compte qu'Intouchables peut se présenter comme un film qui rend très peu compte de la réalité, ne serait-ce que celle du handicap. Philippe est richissime, il peut se payer tout ce qu'il veut, n'importe quel élément de confort. Or, je ne crois pas que la situation des handicapés en France soit aussi facile, on verra à ce sujet l'article de Rue89 écrit par les parents d'un handicapé, qui craignent que le succès du film ne fasse croire aux spectateurs que tout va bien de ce côté-là et que l'Etat n'a pas besoin d'intervenir plus que ça.
Lefort a quand même écrit une chose pertinente dans sa critique : « Le succès du film est le fruit d’un conte de fées cauchemardesque : bienvenue dans un monde sans. Sans conflits sociaux, sans effet de groupe, sans modernité, sans crise. A ce titre, en cet automne, il est LE film de la crise. » Il ne faut pas s'attendre dans ce film à voir critiquées les inégalités sociales, l'indifférence des riches envers les pauvres ou autres sujets du même goût. Intouchables n'est pas un film engagé, uniquement d'une comédie. Mais après tout, ce n'est peut-être pas plus mal. Pour Lefort, aller voir un film dans l'espoir d'oublier un peu la grisaille du quotidien semble constituer quelque chose de honteux, mais je me dis qu'il vaut mieux une bonne comédie sans but politique affirmé de temps en temps, plutôt que de voir toujours les mêmes brulôts engagés qui se renouvellent peu. Faire une pause dans le militantisme, c'est parfois reposant…