lundi 26 avril 2010

L'élégance du hérisson


Titre : L'élégance du hérisson
Auteur : Muriel Barbery
Genre : Histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : J'ai adoré

Résumé : "Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderais."

Extrait :
Le croirez-vous, je ne suis jamais allée chez le coiffeur. En quittant la campagne pour la ville, j'avais découvert qu'il existait deux métiers qui me semblaient également aberrants en ce qu'ils accomplisaient un office que chacun devait pourtant pouvoir réaliser soi-même. J'ai encore aujourd'hui du mal à considérer que les fleuristes et les coiffeurs ne sont pas des parasites, qui vivant de l'exploitation d'une nature qui appartient à tous, qui accomplissant avec force simagrées et produits odorants une tâche que j'effectue seule dans ma salle de bains avec une paire de ciseaux bien coupants. - Qui vous a coupé les cheveux comme ça ? demande avec indignation la coiffeuse à laquelle, au prix d'un effort dantesque, je suis allée confier le soin de faire de ma chevelure une oeuvre domestiquée. Elle tire et agite de chaque côté de mes oreilles deux mèches de taille incommensurable. - Enfin, je ne vous le demande pas, reprend-elle d'un air dégoûté, en m'épargnant la honte de devoir me dénoncer moi-même. Les gens ne respectent plus rien, je vois ça tous les jours. - Je veux juste un rafraîchissement, dis-je. Je ne sais pas trop ce que ça signifie mais c'est une réplique classique des séries télé qui passent en début d'après-midi et sont peuplées de jeunes femmes très maquillés qui se trouvent invariablement chez le coiffeur ou au centre de gymnastique. - Un rafraîchissement ? Il n'y a rien à rafraîchir ! dit-elle. Tout est à faire, madame ! Elle regarde mon crâne d'un air critique, émet un petit sifflement. - Vous avez de beaux cheveux, c'est déjà ça. On devrait pouvoir en tirer quelque chose."

Critique : Voilà la raison pour laquelle ce livre n'est pas un coup de cœur : à certains moments, le langage de Renée me paraissait trop complexe, trop fastidieux, et des passages m'ennuyaient un peu à cause de toute cette intelligence, de toutes ces choses qu'elle raconte, de théâtre, de choses philosophiques, de choses bien trop complexes pour une petite de 4e comme moi ;-). Cependant, Renée est un personnage très attachant, tout comme Paloma dont j'ai adoré la façon comment elle raconte les choses. On voit extrêmement bien ce qu'elle nous décris. Les passages où Paloma parle sont mes préférés. Kakuro Ozu est aussi un personnage que j'ai adoré, et l'histoire commence vraiment quand il arrive.
La fin est terrible, plein d'émotion, d'espoir, de courage, de vie, de lumière, de paix, de souvenirs. Magnifique et terrible.

Un livre rempli d'émotion, d'espoir, de vie, d'intelligence, qui nous donne le sentiment si facile qu'on peut être ami avec tout le monde.

Enfin, non, je n'ai pas vu le film.

mercredi 14 avril 2010

Rien de grave


Titre : Rien de grave
Auteur : Justine Lévy
Genre : histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : Coup de cœur

Résumé : Depuis qu'Adrien l'a quittée, Louise a perdu le goût, le désir, le sens même de la vie. Elle n'a plus le courage ni d'être heureuse, ni d'avoir mal, ni d'avoir peur. Louise et Adrien s'aimaient comme des enfants terribles, depuis la fin de l'adolescence jusqu'au jour où Adrien rencontre la jeune maîtresse de son père, Paula, femme idéale au regard de tueuse qui brisera le cœur de Louise en tuant l'amour qu'Adrien lui portait. Depuis, Louise se laisse vivre sans vivre. Elle attend sans attendre. Cela aurait pu durer des mois ou des années : seul un nouvel amour permettra à Louise de réapprendre les gestes et de retrouver la saveur de l'existence.

Source : ChaPitre.com

Extrait :
Tu t'attendais à quoi ? je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J'ai lancé le cadre par terre, le verre s'est brisé mais comme c'était pas assez j'ai bondi du lit et j'ai déchiré la photo, celle qu'il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu'on ne connaissait pas à notre mariage qu'on est partis avant la fin.

Il a eu l'air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu'il n'aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c'est le contraire, rien ne me fait plus peur qu'une photo, rien ne me semble plus faux-cul qu'une belle photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu'elle promet, qu'elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c'était la meilleure chose qui puisse m'arriver, qu'il me quitte. Comment j'aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n'existais pas."

Critique : J'ai beaucoup aimé ce livre, plus pour l'écriture que pour l'histoire je pense, même si l'histoire, dure, émouvante, était magnifique. L'écriture, elle, brute, brute, avec plein de virgules, on ne reprend pas son souffle, on lit, comme ça, des mots, des phrases, qui ne se finissent jamais, quand est-ce qu'il va y avoir un point ? je me dis. Mais c'était tout simplement la façon de parler de la narratrice, trop vite, on lui dit même à un moment qu'elle parle trop vite. Et il y a le ton aussi, impatient, un ton qui est vraiment là, en colère peut être, ou agacé parfois. Un ton qui monte et qui descend, avec toutes ses virgules, on attend le point. Et des fois, elle parle comme ça, peut-être toute seule, sans savoir si quelqu'un répond à ses paroles, des fois on est surpris, il y a quelqu'un qui répond, elle ne parle pas toute seule en fin de compte. Et puis des fois, on s'attend à ce qu'il y ai un point mais il y a une virgule. Bizarre. Mais génial. J'ai vraiment adoré ce livre.

samedi 10 avril 2010

La Vie d'une autre


Titre : La Vie d'une autre
Auteur : Frédérique Deghelt
Genre : histoire de vie, littérature adulte
Appréciation : Coup de cœur

Résumé : Marie a vingt-cinq ans. Un soir de fête, coup de foudre pour le beau Pablo, nuit d'amour et le lendemain... Elle se réveille à ses côtés, douze ans plus tard, mariée, mère de trois enfants, sans un seul souvenir de ces années écoulées. Comment faire pour donner le change à son entourage ? Et comment retrouver sa propre vie ? C'est avec une énergie virevoltante et un optimisme rafraîchissant que Frédérique Deghelt a écrit ce roman sur l'amour et le temps qui passe, sur les rêves des jeunes filles confrontés au quotidien et à la force des choix qui déterminent l'existence.

(résumé repris du livre)

Extrait :
Je me revois dans un café qui s'appelle L'Imprévu. Le décor est plutôt marocain. Une tente caïdale au fond d'une salle, des coussins, des tables basses. Le patron est souriant, presque complice. J'y suis entrée par hasard. Vous n'avez pas l'air en forme aujourd'hui. Un thé à la menthe comme d'habitude ? Une petite pâtisserie, peut-être ? Un thé à la menthe, s'il vous plaît. Et un ti-punch pour la mémoire. Non non, je plaisantais. Le thé suffira. Il fera office de remontant sans alcool.
Les premiers accords de piano retentissent avec force dans le café vide. Keith Jarrett. Je reconnais tout de suite la dextérité profonde, l'authenticité des doigts et de l'âme. Le patron dépose mon thé sur la table. C'est son dernier disque, me fait-il remarquer. Je crois que je le connais déjà mais, dans un énième doute sur mes souvenirs, je n'ose pas le détromper. Je suis trop heureuse d'avoir pu relier deux points de ma vie entre la musique que j'écoutais et celle que j'entends là. Et je me demande tout à coup pourquoi j'ai si peu écouté de musique depuis mon réveil. Et pire encore, je n'ai même pas examiné le contenu de ma discothèque. Je ne peux m'empêcher d'avoir la triste pensée qu'en vieillissant, on perd l'écoute de la musique si indispensable aux plus jeunes. Je l'avais déjà remarqué avant de l'expérimenter !
Je n'ai encore jamais déprimé devant la vieillesse que représentent mes années manquées. Je suis plutôt plus mince qu'en 1988, et il me semble que mon visage a pris une forme plus adulte. J'ai perdu le côté rond des joues. J'ai un ventre un peu plus plat, mais cela n'est rien. Au-delà des transformations physiques, des petites rides au coin des yeux qui racontent les fous rires et les bons moments, au-delà de tout ce que j'ai le temps d'observer sur mon propre corps, une marque, une seule, est capable de me faire pleurer : une toute petite vergeture, à gauche, qui doit être rivée à moi depuis l'une de mes grossesses. Elle me rappelle qu'il se peut que je n'aie plus jamais aucun souvenir de mes bébés portés et de leur naissance. Et aujourd'hui, ce regret-là me pèse. Il me renvoie à un désir d'enfant que je ne connais pas.
Critique : C'est un livre sur la mémoire, l'histoire d'une jeune femme célibataire et insouciante, qui du jour au lendemain se retrouve confronté à une vie de famille, d'adulte. C'est aussi une histoire d'amour, belle, mais parfois compliqué, avec des enfants si mignons qu'on aurait envie d'en avoir, avec un mari et une vie heureuse. Les gens parlent, comme ça, sans tirets, sans guillemets, sans retours à la ligne, des phrases comme ça, mises bout à bout, signifiant que c'est un dialogue. C'est un peu bizarre au début, car on ne sait pas vraiment qui parle, et parfois j'avoue que je ne comprenais pas grand chose. Mais c'est tout naturellement, par instinct, qu'on comprend que des gens parle.
C'est un très beau livre sur la mémoire, le temps qui passe, l'amour, le rôle de mère aussi qui nous montre que ce n'est pas évidant, qu'il faut être responsable.

samedi 3 avril 2010

(film) La Rafle

Réalisé par Roselyne Bosch
Avec Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh

Date de sortie cinéma : 10 mars 2010
Genre : Historique , Drame
Durée : 01h55min

Synopsis : 1942.
Joseph a onze ans.
Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile Jaune cousue sur sa poitrine...
Il reçoit les encouragements d'un voisin brocanteur. Les railleries d'une boulangère.
Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans un Paris occupé, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge.
Du moins le croient-ils, jusqu'à ce matin de 16 juillet 1942, ou leur fragile bonheur bascule...
Du Vélodrome d'Hiver, où 13 000 raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux.
De ceux qui ont orchestré.
De ceux qui ont eu confiance.
De ceux qui ont fui.
De ceux qui se sont opposés.
Tous les personnages du film ont existé.
Tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942.

Source : AlloCiné

Critique : Ce film était extrêmement triste. J'ai pleuré quasiment tout du long. Il nous montrait des familles de juifs heureuses, joyeuses, ignorantes de tout ce qui allait se passer. Nous, spectateurs, nous savions tous (enfin, pour ceux qui connaisse l'histoire, oui). C'était horrible. On voyait Hitler avec ses enfants, Hitler qui est végétarien, Hitler qui déteste qu'on tue les animaux. Alors qu'il tue des millions de juifs... Le film ne montrait pas le côté sombre de la chose. Dans les camps, les juifs n'étaient pas complètement sales, aux vêtements déchirés, souillés, crasseux. Ils n'étaient pas infiniment maigres, comme sur ces horribles photos de juifs dans les camps. Le film ne montrait pas l'horreur. Les juifs rigolaient, ignorant, dansant dans les camps, et c'est cela qui donne envie de pleurer. Ils vont mourir, on sait qu'ils vont mourir. Alors pourquoi s'amusent-ils ? Ignorant, totalement ignorant. Ces personnages si touchants, si attachants, qui vont mourir, qui sont ignorant de tous, qui ne comprennent pas se qui ce passe. Une bonne raison de pleurer, hein ? C'est facile de faire pleurer les gens avec un truc pareil. J'étais complètement démoralisé à la fin. Et j'ai pleuré à chaudes larmes. Surtout à la fin où c'était extrêmement émouvant...

Mélanie Laurent était tout simplement sublime dans ce film, comme tous les autres d'ailleurs.

Pour ma part, je ne pense pas que ça a tellement servi à quelque chose d'être aller voir ce film. Je connais déjà part cœur cette affreuse histoire, et qu'est ce que le film m'a apporté ? Des pleurs, des pleurs, rien que des pleurs qui m'ont démoralisés encore plus. A part peux être que je ne m'imaginais pas du tout le Vél' d'Hiv' comme ça. Bien sûr, il est vachement important de connaître cette histoire, et pour les gens qui ne l'a connaissent pas, courez vite voir ce film, mais attention aux âmes sensibles.
En somme, c'était à peut près la même histoire que dans Elle s'appelait Sarah, dans la même ville, dans le même Vél' d'Hiv, dans le même camp.